3 février 2009 14:45
L’issue inflationniste ne fait aucun doute pour l’économiste Jean
Claude Werrebrouck, qui propose ici son analyse des lignes de forces à
l’oeuvre dans le déploiement de cette crise. Le recours massif aux
politiques monétaires non conventionnelles pour contrecarrer la
déflation des actifs, rendu inévitable faute d’autre solution, porte en
lui « l’inéluctabilité de l’inflation », juge-t-il. Cette poussée
inflationniste à venir aura pour conséquence de profonds
bouleversements, tant au plan interne qu’international. Elle provoquera
d’une part une salutaire redistribution de richesse entre créanciers et
débiteurs, remettra en cause l’impératif de déflation salariale pour
cause de concurrence internationale. Mais elle déclenchera également
une « tempête sur les monnaies » remettant à l’ordre du jour les
dévaluations compétitives. Dans ce contexte, le manque de bases solides
dont souffre la monnaie européenne, en l’absence d’une politique de
convergence et de transferts entre Etats, va provoquer des tensions qui
seront sans doute insupportables pour certains membres de la zone euro,
n’ayant d’autre alternative que de pratiquer une désastreuse politique
de déflation salariale ou de reprendre leur autonomie. Ces turbulences
monétaires auront également pour conséquence un processus de « dé
mondialisation », avec « l’avènement d’économies beaucoup plus
auto-centrées que par le passé », et une diminution du rôle joué par le
dollar. Mais cette restructuration mondiale au forceps ne signe pas
pour autant un retour du politique sur le devant de la scène,
avertit-il. Les dirigeants en sont pour le moment réduits à accompagner
des forces qui les dépassent, et ce n’est qu’après « l’incendie
inflationniste que les hommes pourront envisager de nouvelles solutions
à la question du vivre ensemble. »