Les Credit-Default Swaps sur MBIA coûtent 16% sur un an
La prime d’assurance sur le papier émis par l’assureur obligataire MBIA atteint 16% pour un an et 9% par an pour cinq ans.
Selon les modélisations en vigueur chez JP Morgan, ce taux implique une probabilité de défaut de 27%.
Un coût d’assurance de 16% signifie qu’il faut débourser désormais 1,6 million de dollars pour assurer 10 millions de dollars d’obligations.
Il y a six mois, l’achat d’une garantie sur ces obligations coûtait 0,23% pour un contrat d’un an et 0,87% par an pour un contrat de cinq ans.
Pour 28 entreprises du secteur de la finance, y compris Merrill Lynch, l’achat d’une protection à échéance d’un an coûte aujourd’hui plus cher que celle sur cinq ans. Cette situation inversée par rapport à la normale, qui voudrait que la protection longue soit plus onéreuse que la courte, traduit la nervosité actuelle des marchés.
Il y a quelques jours, MBIA a levé 1 milliard d’emprunt en offrant un rendement de 12%. La prime d’assurance sur ce papier coûte donc aujourd’hui plus cher que les revenus promis par l’emetteur. Le résultat ne s’est pas fait attendre longtemps. Voir ci-dessous.
La valeur des obligations de MBIA a chuté de 12%
Les obligations émises par MBIA ont perdu 12% de leur valeur depuis leur mise en vente le 11 janvier.
Le prix de ces valeurs a baissé à 88,5 centimes du dollar aujourd’hui. Ce qui équivaut à un rendement de 18%. Ces obligations s’échangeaient hier à 97,5 centimes du dollar.
Elizabeth James, porte-parole de MBIA, n’a pas souhaité s’exprimer. Les porte paroles de JP Morgan, Lehman Brothers, et Morgan Stanley, les banques qui ont organisé l’émission, n’ont pas non plus souhaité s’exprimer.
Un autre assureur obligataire, Ambac, a annoncé aujourd’hui qu’il allait lever 1 milliard de capital.
Le silence de MBIA et alia est assourdissant.
Les titres et les obligations ont un rendement inversement proportionnel au prix ou ils sont échangés. Le pourcentage de rémunération promis par l’emetteur pour une valeur nominale de 100 s’accroit - relativement à la somme investie - lorsque le titre est acquis pour un montant inférieur.
La probabilité que MBIA rejoigne la liste des victimes des subprimes s’accroit de jour en jour.
Les sommes en jeu sont considérables. Les trois premières monolines assurent 1 500 milliards de papier : MBIA garantit pour 650 milliards, Ambac 546 et FGIC 314 milliards.
La défaillance de ces entreprises aurait un effet domino devastateur. La perte de l’assurance entrainerait automatiquement la dégradation de la notation des titres assurés, ce qui se traduirait par l’obligation de s’en défaire pour tous les établissements qui garantissent à leurs investisseurs que leurs actifs sont fiables, notation AAA - achetée aux monolines - faisant foi.
Voir : les « Monolines » sur la sellette et La digue des monolines commence à céder
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