15 février 2009 -
Ce
n’est pas une utopie. D’ici moins d’une décennie, le Maroc devrait
exporter des électrons verts. « En plus de l’importance des gisements
dont il dispose, le Royaume a des atouts indéniables pour concrétiser
cette option ». Le constat est dressé par Philippe Lorec, directeur
général adjoint au ministère français de l’Energie, du Développement
durable et de l’Aménagement du territoire.
Pour Lorec, qui a présenté les grandes lignes du Plan solaire méditerranéen à la conférence nationale sur les changements climatiques tenue les 11 et 12 février à Rabat, le Maroc se trouve au cœur de ce programme.
C’est l’une des composantes concrètes et la plus urgente à réaliser de l’Union pour la Méditerranée (UPM), est-il indiqué. « Tout au plus dans quelques jours, la coprésidence française et égyptienne de l’UMP saisira les chefs des Etats membres pour les informer du détail du projet et obtenir leurs adhésion. L’objectif est de développer de nouvelles centrales électriques à partir de tout l’éventail des énergies renouvelables. Mais aussi de construire l’infrastructure nécessaire au transport d’électricité et de favoriser le transfert de technologie selon un partenariat gagnant-gagnant.
A la condition d’exprimer une volonté politique et d’associer le privé. En tout, le Plan solaire méditerranéen retient 130 projets pour l’ensemble des pays membres de l’UPM. Mais le Maroc se taille la grosse part avec plus d’une vingtaine de projets dont la plupart sont déjà finalisés. Côté financement, le plan est doté de plusieurs centaines de milliards de dollars.
Les estimations se chiffrent à 500 milliards de dollars dont 80 seront injectés dans les pays en voie de développement. Fonds qui peuvent être aisément levés aussi bien auprès des bailleurs publics que privés. L’essentiel est de garantir un retour sur investissement de l’ordre de 8 à 15%. C’est possible si les projets intègrent la composante exportation. Cela permettrait de soutenir le financement des centrales. Dans la mesure où les prix à l’export seront plus élevés par rapport à ceux consentis au marché local. Mais cela ne se traduirait que par un alignement sur les prix pratiqués actuellement en Europe. De sorte qu’en 2020, le coût du solaire serait voisin de ceux des autres énergies. Selon Lorec, « les décennies à venir seront marquées par le hub énergétique en termes d’infrastructure et d’activité économiques utilisant les électrons verts ».
Dans ce contexte, le Maroc est bien placé pour servir de plateforme de production et de distribution vers l’Europe et les autres pays méditerranéens. De plus, il est bien loti en termes de projets et d’expertise. Concrètement, le Maroc est appelé à réviser à la hausse sa production à partir de l’éolien en installant une capacité de 6000 MW au lieu d’un millier prévu à l’horizon 2012. Pour le solaire, la captation sera favorisée dans le contexte plus vaste de l’UPM. De manière à satisfaire l’objectif européen qui table sur une consommation de 20% d’énergie propre. A cet effet, des instruments financiers nouvellement établis peuvent aussi être mis à contribution. Il s’agit notamment du Fonds pour les technologies propres et le Fonds carbone de partenariat.
Source : L’Economiste - A. G.
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