23 avril 2009 11:19
Les pays devant rattraper un retard économique sont structurellement exportateurs. Ce fut le cas de l’Allemagne et du Japon, dont les économies dévastées par la seconde guerre mondiale se sont tournées vers l’export, et c’est aujourd’hui le cas de la Chine. Ce modèle est générateur de déséquilibres, souvent soldés dans la douleur. Le pays exportateur accumule des devises - en général des dollars - et subit d’importantes tensions inflationnistes, sauf à geler ou à réinvestir à l’étranger ce surplus monétaire. Dans les années 1980, le Japon rachetait les bijoux de famille des USA. Souvenez vous. C’est l’époque où l’Amérique frissonnait devant la série Shogun, et s’inquiétait de voir l’ancien vaincu prendre le contrôle de son économie. En 1985, les USA exigent et obtiennent du G5 de laisser filer le dollar, afin d’alléger leur dette et mettre fin aux déséquilibres de leur balance commerciale. Les Japonais voient alors fondre la valeur de leurs investissements. Il s’ensuit un rapatriement massif des avoirs japonais, cherchant dès lors à trouver emploi sur l’île. Avec pour résultat une gigantesque bulle spéculative boursière et immobilière qui éclatera au début des années 1990 et plongera le Japon dans une déflation qui durera dix ans. Les chinois sont aujourd’hui dans une situation semblable à celle du Japon, « collés » avec une montagne de dollars dont ils sentent bien que la valeur est rien moins qu’assurée. Mais la ressemblance s’arrête là. A la différence de Tokyo, vassalisé depuis l’après guerre, Pékin se vit comme un égal, et se projette comme le nouveau leader potentiel du monde émergent, s’offrant à le protéger des troubles nés en occident. L’activisme des dirigeants chinois sur les questions relevant du système financier international en fournit la preuve. Le pari chinois ne sera peut-être pas gagné. Mais la répartition des sièges et des pouvoirs dans les institutions internationales - Conseil de Sécurité, FMI - ne restera pas inchangée, soyons en sûrs. L’ordre du monde instauré par les vainqueurs de la seconde guerre mondiale connaîtra donc une fin fort peu glorieuse : mort pour cause de subprimes.
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