8 janvier 2010 12:24
Krugman se trompe de cible lorsqu’il diabolise la Chine en l’accusant
de mercantilisme et de manipuler le cours de sa monnaie pour conserver
un avantage compétitif, affirme l’économiste Henry Liu. Dans un monde
où les USA bénéficient de l’exorbitant privilège de disposer à leur
guise du droit d’émission de la monnaie de réserve utilisée dans
l’ensemble des échanges mondiaux - à commencer par les indispensables
matières premières - les pays émergents n’ont d’autre choix que de se
procurer des dollars, affirme-t-il, se mettant du même coup sous la
coupe de Washington, comme le Japon en a fait la douloureuse expérience
après les accords du Plaza, imposés par les USA pour réduire leur
déficit extérieur, et qui ont précipité le challenger asiatique d’alors
dans une crise dont il n’est toujours pas sorti. Liu diagnostique une
situation d’insuffisance de la demande et de surproduction généralisée,
pour laquelle, considère-t-il, la solution consiste en une hausse
coordonnée internationalement des salaires au Nord comme au Sud. ---
Henry Liu, né à Hong-Kong, vit et travaille aux USA. Il est proche de
l’école post keynésienne et défend inlassablement un partage plus
équitable des fruits du génie humain, tant au plan national qu’entre
Nord et Sud. Mais c’est aussi un homme profondément attaché à sa patrie
d’origine. A ce titre, ses chroniques et essais, publiés en occident,
s’adressent également de façon implicite à un autre lectorat : celui
des responsables chinois. Vus ainsi, ses argumentaires sont donc
doublement dignes d’intérêt, car ils donnent une indication sur la
nature des débats traversant la direction chinoise.
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