9 avril 2010 15:52
« La dette publique en Grèce n’est que la première d’une série
de bombes européennes de la dette qui vont exploser, » avertit
l’économiste Michael Hudson. Nombre de pays de l’Europe de l’est, à
commencer par la Lettonie, très durement touchée par la crise, seront
incapables de rembourser les prêts libellés en euros qui ont été
accordés durant la période d’euphorie financière, prévient-il. Les
gouvernements devront bientôt choisir entre ruiner leurs économies et
saigner à quatre veines leurs peuples pour rembourser ou bien renégocier
la dette et la convertir en devises locales, provoquant ainsi des
pertes dans le système bancaire européen. Le combat entre créanciers et
débiteurs promet d’être acharné, à l’image de celui qui se déroule
aujourd’hui entre la Grande Bretagne et l’Islande, mais l’issue ne faire
guère de doute, selon lui. Entre la défense des intérêts de leurs
mandants promis au servage de la dette, et ceux des banques étrangères,
les gouvernements devront se déterminer et vont choisir, comme l’ont
fait les islandais qui refusent de régler les dettes des banques
privées. --- L’accent mis aujourd’hui sur l’endettement « insoutenable »
des Etats et la « rigueur draconienne » qui devrait s’en suivre fait
l’impasse sur le fond du problème : l’accumulation folle de dette
privée - et ce, dans tout l’occident, bien au-delà du cas spécifique de
l’immobilier subprime américain. Sans dépenses et interventions
publiques vigoureuses, nos sociétés menaçaient de sombrer. Aujourd’hui
où le privé s’est un peu rasséréné, et que les banques savent qu’elles
seront absoutes, quelle qu’ait été leur irresponsabilité, le poids
écrasant de la dette privée entassée au-delà de toute possibilité
vraisemblable de remboursement n’en a pas fini pour autant de peser sur
le réel. Dans des sociétés fragilisées, où les perspectives d’activité
peinent à reprendre des couleurs, le service de ces dettes - anciennes,
du privé, et nouvelles, des Etats - va exercer une pression de plus en
plus débilitante sur les revenus et les dépenses, sur l’activité,
l’emploi et les conditions de vie. Le remboursement au prix fort
d’emprunts sur des biens aujourd’hui dévalués ou en voie de l’être, la
ponction sur la richesse nationale exigée des Etats, sont les formes
d’un « esclavage moderne », au seul bénéfice de créanciers dont le
pouvoir, la superbe et l’arrogance n’ont d’autre origine qu’une
dangereuse irresponsabilité, permise par la complaisance d’autorités et
d’experts ayant abdiqué devant l’apparente toute puissance de l’argent.
Mais aujourd’hui, lorsque la BRI évoque dans sa dernière étude un
service de la dette qui pourrait dépasser les 10% du PIB, il convient
de tirer les conclusions. Le papier des contrats, la finance prédatrice,
les dettes odieuses, seraient-elles donc plus sacrées que les vies, la
santé des économies et le bien être des sociétés ? Faute d’un allègement
de la dette sous forme de réduction des créances, du recours à la
monétisation et à l’inflation, à des impositions exceptionnelles sur les
actifs spéculatifs, accompagnés par une réduction de la mobilité des
capitaux et un contrôle renforcé sur le secteur bancaire, nombre de pays
occidentaux risquent de s’enfoncer dans le marasme et la misère
sociale - et pour longtemps - au moment même où les émergents accélèrent
leur course. Contre Info.
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