3 avril 2010 22:18
Evans-Pritchard a sollicité l’avis de Carmen Reinhart, une
économiste qui a travaillé auprès du FMI, et a récemment publié en
collaboration avec Kenneth Rogoff un ouvrage remarqué sur les
conséquences des crises financières. Pour elle, il ne fait aucun doute
que la dette grecque ne doive être restructurée. Comme c’est le cas en
Irlande, les politiques d’austérité vont enfoncer le pays dans la
récession, et la désinflation compétitive va renchérir le coût du
service de la dette. Mais si l’Irlande peut encore espérer s’en
sortir grâce aux exportations, la Grèce, elle, est prise dans le piège
d’une spirale de l’endettement et de la hausse des taux d’intérêts.
L’annonce du « plan » européen, qui semble avoir fait illusion auprès de
nombreux commentateurs, est vide d’engagements concrets - garanties des
émissions, soutien de la BCE, levée de fonds européens - qui auraient
mis un terme à l’élargissement des « spreads », le surcoût de l’emprunt
supporté par Athènes. A terme, les banques françaises et allemandes, qui
détiennent 120 milliards d’obligations souveraines grecques, vont
devoir renégocier la dette, comme cela avait été le cas pour l’Uruguay,
prévoit Reinhart. --- Récapitulons. L’Europe, au nom de la rigueur
comptable et monétariste, refuse de venir réellement en aide à l’un de
ses membre qui pèse le poids - ô combien considérable ! - de 2,6% du
PIB de l’eurozone, et exige de lui une purge qui va se traduire par une
baisse insupportable de son PIB, et une catastrophe sociale. Acculée,
la Grèce n’aura sans doute d’autre issue que de faire défaut. Les
banques allemandes et françaises créancières vont alors enregistrer des
pertes (10% de dépréciation=12 milliards, 20%= 24 milliards, etc...) et
feront appel aux Etats - comme c’est le cas aujourd’hui en Irlande -
pour recapitaliser et échapper à la faillite. Nous vivons décidément une
époque formidable. Contre Info.
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