PARIS (Reuters) - L'Autorité des marchés financiers (AMF) souligne les risques du trading haute fréquence pour les marchés en 2010, une pratique identifiée comme l'une des causes possibles de la chute brutale et mystérieuse des marchés américains le 6 mai dernier.
L'AMF a ainsi estimé dans son rapport sur la "cartographie des risques 2010" que cette pratique du "high frequency trading", qui repose sur des opérations algorithmiques effectuées à des vitesses proche de celle de la lumière, posait notamment des questions pour la sécurité du marché.
Le régulateur français estime notamment que cette pratique menace "l'intégrité du marché dès lors que les stratégies de trading sont détournées de leur objectif initial pour être utilisées à des fins de manipulation de marché".
"Le trading haute fréquence fournit (...) des outils susceptibles d'être détournés de leur usage légal. Ces outils sont de nature à faciliter la mise en oeuvre de stratégies manipulatoires ou contraires aux intérêts des clients (front running)", explique encore l'AMF.
Le front running consiste pour un courtier à faire passer ses ordres en fonction de ceux de ses clients dans le but par exemple de devancer le marché.
Beaucoup de clients lésés dans l'affaire Madoff pensaient que l'escroc américain utilisait une stratégie similaire pour offrir aux clients de son hedge funds des retours réguliers quel que soit l'état des marchés.
Le régulateur note en outre que les investissements nécessaires en technologie, infrastructure et savoir-faire pour rentrer dans ces marchés lucratifs représentent une barrière à l'entrée, susceptible de créer des distorsions de concurrence.
De nombreux acteurs du marché parlent d'une véritable "course à l'armement", qui exclut progressivement les acteurs les plus petits.
Aucune explication satisfaisante n'a pour l'heure été avancée pour expliquer l'effondrement éclair qui avait vu l'indice Dow Jones perdre 700 points en quelques minutes.
Le high frequency trading compte pour plus de la moitié des volumes de transactions aux Etats-Unis et près d'un tiers en Europe, selon les chiffres des études citées dans le rapport de l'AMF.
Cette proportion a interloqué de nombreux parlementaires américains qui ont réalisé que des ordinateurs pilotaient la majeure partie des opérations de marchés, faisant craindre la possibilité qu'un krach boursier ne soit déclenché par des algorithmes informatiques.