De l'argent propre avec de l'air pollué
Conçu pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, le protocole de Kyoto, signé en 1997, repose sur l'idée suivante : les pays qui émettent peu de CO2 peuvent vendre des certificats aux pays qui en produisent d'importantes quantités. Mais des dérives sont vite apparues et au lieu de réduire les émissions de CO2, le dispositif les a favorisées. Depuis 2005, les certificats se négocient en bourse comme d'autres valeurs soumises aux lois du marché. L'Union européenne a accordé aux entreprises de chimie, sidérurgie, énergie, cimenterie et papeterie des droits de polluer pour 200 milliards d'euros. En contrepartie, elles devaient investir dans des technologies plus avares en CO2. Or, dans nombre de cas, elles ont tout simplement délocalisé leurs nocives activités vers des pays moins regardants. Par ailleurs, le cours du droit à polluer avec une tonne CO2 est fluctuant, pouvant passer de 30 à 7,5 €. Bonnes affaires en vue pour les brokers ! Réalisatrice de ce documentaire, Inge Altemeier est un peu la Marie-Monique Robin d'outre-Rhin. Sans relâche, elle visite des usines, en observe les cheminées et les sorties de camions ou arpente les terres désolées en Indonésie. En Europe, en Indonésie et en Chine, elle a interrogé des industriels, des fonctionnaires de l'ONU et de troubles agents chargés de "valider" les volumes d'émissions et nous explique ce qui se cache derrière les dispositifs européens et le plan soi-disant miracle de l'ONU : le Clean Development Mechanism.
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