AFP le 19/07/2007 12h00 |
Attirés par les records, |
Des courtiers de la New York Mercantile Exchange, le 19 octobre 2006 © AFP/Getty Images/Archives Spencer Platt |
Soumis à une demande en essor constant et une production soumise aux soubresauts des tensions géopolitiques et aux aléas des infrastructures, le pétrole évolue à son plus haut niveau depuis 11 mois et devient la cible de spéculateurs qui font encore enfler les cours.
En un mois, les cours ont pris environ six dollars à New York et cinq à Londres et sont à leurs plus hauts niveaux depuis la mi-août 2006.
Mercredi, le baril de "light sweet crude" et celui de Brent de la mer du Nord ont encore pris plus d'un dollar sur la séance, après la publication d'un déclin des réserves pétrolières américaines.
Ils sont désormais à quelques dollars de leurs records historiques de l'été 2006, en plein conflit au Liban, respectivement de 78,40 dollars et de 78,64 dollars.
"La clé, c’est que même avec des prix à ce niveau là, la demande en pétrole continue d’augmenter", estime Phil Flynn, analyste d’Alaron Trading.
L'Agence internationale de l'Energie (AIE), qui défend les intérêts des pays consommateurs, prévoit que la croissance mondiale de la demande, après avoir ralenti en 2006, année des records, rebondisse en 2007 et en 2008, malgré des prix élevés. Parallèlement, les capacités de production excédentaires devraient se réduire.
A cela s'ajoute "un contexte d’inquiétudes général", note Antoine Halff analyste de la Fimat à propos de l’approvisionnement en essence des Etats-Unis pour les grands déplacements estivaux, mais aussi de dossiers géopolitiques récurrents, comme l’instabilité au Nigeria et les tensions sur le programme nucléaire iranien.
Si les facteurs ne manquent pas pour pousser le prix du baril, le regain d'intérêt des spéculateurs pour ce marché aide les cours à taquiner leurs records.
Selon l'autorité américaine de régulation des marchés des matières premières (CFTC), les positions longues sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) ont augmenté à un niveau record lors de la semaine du 10 juillet, au moment même où le prix du baril grimpait.
Cet intérêt accru pour les positions à long terme est le fruit "d’acteurs non commerciaux, c’est-à-dire qu’ils ne vont pas utiliser le pétrole", affirme Jason Schenker, analyste de Wachovia. En achetant des contrats pour une échéance assez lointaine, ces investisseurs espèrent les revendre plus chers quand leur terme de livraison se rapprochera.
Si la spéculation est la raison d'être des marchés, la CFTC considère toutefois les acteurs purement spéculateurs comme ceux "qui ne produisent pas ou n'utilisent pas une matière première, mais risquent leurs capitaux sur des contrats à terme dans l'espoir de profiter des changements de prix".
"Ces dernières années, il y a eu une augmentation spectaculaire des investissements de nouveaux acteurs sur le marché pétrolier: fonds de retraite, fonds d’investissements, fonds spéculatifs etc", souligne M. Halff.
"Ils gardent toujours un oeil sur ce marché, mais ils n’entrent ou ne sortent que selon les opportunités à court terme qu’ils décèlent", ajoute-t-il.
Actuellement, "il y a clairement quelque 15 dollars de prime de risque sur les prix. Mais combien correspond à de la spéculation et combien à une véritable analyse du risque? Je ne sais pas", répond James Williams, de WTRG Energy.
Un rapport d'un sénateur américain datant de juin 2006 évoquait la possibilité que, sur un baril à 70 dollars, 20 à 25 dollars proviennent de la seule spéculation.
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