AFP le 19/08/2007 08h19 |
"Subprime": l'immobilier français pas à l'abri de dommages collatéraux |
Le marché immobilier français, sauvé de la crise du "subprime" grâce à la prudence des banques dans l'octroi des emprunts, et disposant de "bons fondamentaux", n'est pas à l'abri de dommages collatéraux, notamment au niveau du crédit, estiment les professionnels. "Le système français est beaucoup critiqué, on reproche aux banquiers d'être trop frileux, de ne pas prêter à des ménages trop modestes", mais "l'avantage, c'est que tous les travers du modèle américain ont été évités", souligne Michel Mouillard, professeur d'économie à l'université de Paris X Nanterre. Pour René Pallincourt, président de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), "les risques en matière de crédit en France sont très stricts et parfaitement observés par les organismes prêteurs, et donc le problème du +subprime+ ne peut pas exister". La grande majorité des ménages français emprunte à taux fixe, ce qui leur évite de voir leurs échéances de remboursement grimper dès que les taux remontent. Et les revenus des emprunteurs sont dûment vérifiés, feuille d'imposition à l'appui. Cela contraste avec les Etats-Unis où des prêts hypothécaires à hauts risques, dits "subprime", sont concédés à des ménages peu solvables, "le pire scénario imaginable", selon M. Mouillard. L'hypothèque rechargeable, inspirée du "subprime" et instaurée en France au début de l'année, n'est pas un succès. "Pas de panique", lance Bernard Cadeau, président du réseau d'agences immobilières Orpi. "Le marché immobilier français n'est pas du tout organisé comme le marché américain. Les fondamentaux sont bons, il n'y a pas assez de logements et la demande est forte". "Tous les fondamentaux sont bien orientés", acquiesce le président de la FNAIM, car même si les prix ont baissé de 1,5% en juillet dans l'ancien, ils ont progressé de 5% sur douze mois. Toutefois, "il n'est pas impossible qu'il y ait des dommages collatéraux" à la crise du +subprime+", qui secoue les places financières mondiales, estime-t-il. "Il y a des motifs d'inquiétude", approuve M. Mouillard, et le "risque majeur" pourrait provenir de "la contraction de l'offre de crédit". Comme l'assureur Axa ou BNP Paribas, "un certain nombre d'établissements ont des engagements sur des fonds dont la solidité est sérieusement ébranlée" et "cela va avoir une conséquence car ils vont voir leurs capacités de financement se réduire", explique-t-il. "Sur les six premiers mois de 2007, une partie des établissements de crédit a commencé à lever le pied" et, "confrontés à cette érosion de leurs fonds propres, beaucoup vont amplifier cette tendance à la réduction de leur activité de financement de l'immobilier résidentiel", poursuit-il. En conséquence, "un ménage aura plus de difficultés pour obtenir un crédit et pourra même rencontrer des refus plus nombreux". "La crise des marchés financiers peut avoir des effets sur le marché immobilier car si les banques ont des difficultés pour se refinancer, elles feront moins de crédits", approuve M. Pallincourt. Deuxième risque, selon les professionnels: une hausse des taux d'intérêt. "S'il y a des conséquences, elles viendront par une remontée des taux", selon M. Cadeau. "Si les banques centrales continuent à injecter de la liquidité mais ne font pas comme elles l'ont fait en septembre 2001, c'est-à-dire baisser leurs taux d'intérêt, on peut craindre que les marchés immobiliers le paient durement", prédit M. Mouillard. Un renchérissement du crédit qui pourrait peser, selon lui, sur la nécessaire construction de 400.000 logements par an en France pour pallier les manques. |
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