La fusion GDF-Suez sera bouclée en 2008, la part de l'Etat à 35%
Challenges.fr | 03.09.2007 | 21:03
LA FUSION GDF-SUEZ BOUCLÉE POUR 2008 (c) Reuters
Par William Emmanuel et Benoît Van Overstraeten
PARIS (Reuters) - Gaz de France et Suez espèrent boucler leur nouveau projet de fusion au cours du premier semestre 2008, une opération qui donnera naissance au 3e groupe mondial dans l'énergie dont l'Etat français détiendra plus de 35%.
Lors d'une conférence de presse de présentation du nouvel ensemble, lundi, Jean-François Cirelli, P-DG de Gaz de France et futur vice P-DG de "GDF Suez", a assuré que l'Etat agirait "comme un acteur rationnel", tout en se disant également persuadé que l'Etat savait "laisser aux entreprises le dynamisme nécessaire et les capacités de développement".
La veille, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, avait souligné que l'Etat aurait "un pouvoir de direction" dans la nouvelle entreprise, dont la constitution est dénoncée par les syndicats et l'opposition. L'Etat occupera un tiers des sièges du futur conseil d'administration.
Le rapprochement entre Suez et Gaz de France, dont l'annonce il y a 18 mois par le gouvernement Villepin s'était heurtée à l'hostilité d'une partie de la classe politique, s'accompagnera de la mise en Bourse des activités "environnement" de Suez (l'eau et la propreté), une opération qui avait été posée comme une condition sine qua non par l'Elysée pour accorder son feu vert.
"Cette fusion va se faire", a déclaré Gérard Mestrallet, actuel P-DG de Suez et futur P-DG du nouvel ensemble, qui a longtemps été réticent à toute scission des activités environnement de Suez.
"Je suis extrêmement reconnaissant au président de la République d'avoir débloqué la situation en exprimant très clairement ce qu'il souhaitait : il souhaitait faire la fusion à condition que la majorité du capital de Suez Environnement soit mise en Bourse", a-t-il ajouté.
Les syndicats et le PS ont souligné que Nicolas Sarkozy, lorsqu'il était ministre de l'Economie et des Finances, en 2004, avait fait voter une loi sur le statut de GDF excluant le passage de la part de l'Etat sous les 70%.
PAS D'EFFET SUR LES PRIX
Jean-François Cirelli a assuré que la fusion avec Suez n'aurait aucune "répercussion sur les prix de gaz (...) ces prix resteront contrôlés par l'Etat", répondant ainsi à ceux, comme Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'assemblée nationale, qui anticipe une "flambée des tarifs".
En visite à Rio de Janeiro, au Brésil, le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo s'est réjoui de la relance du projet de fusion qui ne conduira selon lui "à aucun changement de la règlementation des tarifs de vente du gaz naturel (...) Les engagements en matière de service public de Gaz de France seront réaffirmés dans le futur GDF-Suez".
Les deux groupes ont précisé que les synergies opérationnelles seront de l'ordre d'un milliard d'euros par an à horizon 2013, dont environ 400 millions à l'horizon 2010, "compte tenu de l'impact des engagements pris auprès de la Commission européenne".
A cela s'ajoutent des "synergies d'optimisation financière" qui représentent un "stock d'un milliard d'euros" (y compris l'utilisation des déficits fiscaux).
Gérard Mestrallet a rappelé les trois principales étapes avant la finalisation de la fusion, qu'il espère au premier semestre 2008 : consultation des représentants du personnel, signature du traité de fusion et approbation par les assemblées générales.
Le rapprochement se fera sur la base d'une parité de 0,9545 action GDF pour une action Suez, soit 21 actions pour 22. Suez avait clôturé vendredi en Bourse à 41,74 euros et GDF à 36,80 euros. Lundi, le titre GDF a perdu 2,69% à 35,81 et celui de Suez 3,31% à 40,36 euros.
L'opération donne naissance à un groupe affichant un chiffre d'affaires de 72 milliards d'euros et de 90 milliards de capitalisation boursière, ce qui le place dans le trio de tête en Europe derrière EDF et au coude-à-coude avec l'allemand E.ON.
DES LIENS FORTS AVEC SUEZ ENVIRONNEMENT
Concomitamment à la fusion, 65% du capital du pôle environnement de Suez sera distribué aux actionnaires de Suez lors d'une introduction en Bourse, celle-ci devant intervenir le jour même de la fusion.
Le nouveau groupe GDF-Suez, qui aura 35%, et les principaux actionnaires de Suez, qui détiendront 12%, "s'engagent à conserver leurs actions dans le cadre d'un pacte d'actionnaires à négocier" et d'une durée encore non fixée.
Le pôle environnement indépendant, dont le nom n'a pas encore été arrêté, affiche pour l'année 2006 un chiffre d'affaires de 11,4 milliards et un Ebitda de 2 milliards. Sa dette est de 5,4 milliards au 30 juin 2007 après l'intégration d'Aguas de Barcelona.
"La structure retenue permettra, en outre, à GDF-Suez de continuer à développer les partenariats privilégiés entre les métiers de l'environnement et ceux de l'énergie, notamment en Chine et au Moyen-Orient", ont précisé les deux groupes.
"Suez Environnement reste dans le périmètre avec des liens très fort", a assuré Gérard Mestrallet, qui a également souligné que la fusion avec GDF ne remettait en rien en cause le rachat d'Aguas de Barcelona.
La dette financière nette proforma du groupe GDF-Suez était de 14 milliards d'euros fin 2006 et de 14,4 milliards au 30 juin. En retirant cette affectée à l'environnement, elle serait de neuf milliards.
Gérard Mestrallet a noté qu'il n'y aurait "pas de modification de la dette à l'occasion de l'ouverture (de capital) de Suez Environnement. En d'autres termes, nous n'allons pas charger Suez Environment de dette au moment de la mise en Bourse".
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