LE MONDE | 27.10.07
Vue du centre financier de Pudong à Shanghaï, le 10 juillet 2005
La croissance de l'économie chinoise s'est légèrement infléchie au 3e trimestre 2007. Mais les derniers chiffres, annoncés jeudi 25 octobre, ne montrent pas que Pékin, contrairement à ce qu'affirment les autorités, arrive à maîtriser la surchauffe de l'économie locale. Les 11,5 % de croissance annoncés pour le 3e trimestre (11,9 % au 2e) sont de fait supérieurs au chiffre de 2006 : 11,1 %...
Le porte-parole du bureau des statistiques, Li Xiaochao, a cependant décerné une sorte de satisfecit au gouvernement, estimant que ce dernier a réussi à "empêcher l'économie de passer d'une croissance rapide à la surchauffe". Pékin, a-t-il ajouté, a "adopté une série de mesures de contrôle macro-économiques, pour s'attaquer aux problèmes et aux conflits aigus persistant dans le développement économique". Il a tout de même admis que "la croissance de l'économie est encore un peu rapide".
La publication de ces chiffres a provoqué une sensible chute des valeurs à la Bourse de Shanghaï, les investisseurs s'attendant à ce que la persistance d'une croissance trop forte provoque de nouvelles mesures gouvernementales, notamment un resserrement du crédit. Les taux d'intérêt ont en effet été relevés cinq fois en 2006. Cela n'a d'ailleurs pas empêché l'inflation de rester à un niveau élevé (6,2 % en septembre), au-delà des promesses des autorités, qui visaient une progression annuelle des prix sous la barre des 3 %.
Cette baisse du taux de croissance s'explique sans doute plus par le refroidissement de l'économie mondiale que par les mesures prises par Pékin, estiment les experts, qui prennent pour exemple l'infléchissement des exportations chinoises vers les Etats-Unis dans un contexte de ralentissement outre-Atlantique.
"HARMONISATION SOCIALE"
Le responsable du bureau des statistiques a confirmé cette réalité, reconnaissant que "après trente ans de réformes et d'ouverture (en Chine), les liens entre la Chine et l'économie mondiale sont en train de devenir de plus en plus étroits et l'influence mutuelle, grandissante". Selon Stephen Green, un économiste de la banque Standard Chartered basée à Shanghaï, les Chinois "sont désormais bien plus vulnérables à une récession globale qu'il y a cinq ans. La croissance de l'emploi durant cette période a été en grande partie due à l'exportation".
Lors de son allocution d'ouverture au 17e congrès du Parti communiste, qui s'est achevé en fin de semaine, le chef du parti et président de la république Hu Jintao a insisté sur les effets négatifs de la croissance sur le plan social et environnemental. Il a fait de sa théorie de l'"harmonie sociale" l'un des piliers d'une politique dont l'ambition serait de ralentir la croissance pour assurer la stabilité sociale.
Mais son premier ministre Wen Jiabao, chargé des dossiers économiques, a beau appeler régulièrement à la réduction des investissements, rien n'y fait, ou presque : la Chine devrait ravir, en fin d'année, à l'Allemagne sa place de 3e économie mondiale.
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