Une récession américaine s'éloigne, le ralentissement s'installe
Challenges.fr | 07.10.2007 | 22:18
Chantier de construction en Californie. L'amélioration du marché du travail aux Etats-Unis en septembre éloigne la perspective d'une récession mais montre néanmoins une économie toujours vulnérable après la crise financière de l'été, estiment les spécialistes. /Photo prise le 18 septembre 2007/REUTERS/Mike Blake (c) Reuters
Par Emily Kaiser
WASHINGTON (Reuters) - L'amélioration du marché du travail aux Etats-Unis en septembre éloigne la perspective d'une récession mais montre néanmoins une économie toujours vulnérable après la crise financière de l'été, estiment les spécialistes.
L'économie américaine a créé 110.000 postes nets hors secteur agricole en septembre et n'a finalement pas détruit d'emplois en août comme on ne craignait à l'origine - elle a en créé 89.000 après 118.000 en juillet - mais la statistique montre une poursuite de la baisse des effectifs dans le bâtiment et le secteur manufacturier, de même que dans le secteur financier.
"Les chiffres de l'emploi de septembre ont réduit les craintes de récession, mais ne font pas moins apparaître les preuves d'un refroidissement progressif du marché du travail aux Etats-Unis", souligne Peter Kretzmer, économiste chez Bank of America.
Les chiffres de septembre et d'août sont le reflet de la hausse de l'emploi dans le secteur administratif, souligne-t-il, alors que "les embauches dans le privé restent sur une pente de ralentissement progressif".
De fait, il y a eu 37.000 créations de postes dans l'administration en septembre. Or, ces postes ne sont pas considérés comme un bon indicateur de la santé de l'économie, puisque l'administration n'est pas directement dépendante de la demande consommatrice, principal moteur de la croissance aux Etats-Unis.
Dans le secteur privé, les gains d'emploi les plus importants ont eu lieu dans les secteurs de la santé, des services alimentaires et de l'hôtellerie-restauration.
VERS UNE CROISSANCE DE 1%?
L'économie américaine crée des emplois, mais à un rythme ralenti. Selon le département du Travail, la croissance de l'emploi s'est établie à 90.000 par mois en moyenne entre juin et septembre. Sur les cinq premiers mois de 2007, les créations d'emplois avoisinaient 147.000 par mois.
Les derniers chiffres vont dans le sens d'un ralentissement de la croissance économique à un rythme annualisé de 1%, soulignent les analystes du cabinet d'études Lombard Street Research. Au deuxième trimestre, l'économie américaine a affiché un rythme de croissance annualisé de 3,8%, contre 0,6% au premier trimestre.
"La croissance récente des créations d'emplois au rythme de 1% ou inférieur à 1% implique une croissance du produit intérieur brut (PIB) d'environ 1%", estime Charles Dumas, dans une note.
Ce qui suggère que l'économie américaine dispose de peu de marge pour absorber un nouveau choc, si le ralentissement de l'immobilier et la crise du crédit qui en a découlent devaient à leur tour peser sur les investissements des entreprises et la consommation des ménages.
Quant à l'augmentation plus forte que prévu des salaires en septembre, elle est plutôt de bon augure pour la consommation. Encore faudra-t-il que ces dépenses permettent de faire le relais jusqu'à la période-clé des achats de Noël.
"La période des ventes de fin d'année pourrait être le premier grand test permettant de voir si la chute de l'immobilier résidentiel a pesé sur la consommation, même si pour l'heure, le marché du travail suggère que les troubles ne se sont pas propagés aux autres secteurs de l'économie", commente John Challenger, directeur général du cabinet de reclassement Challenger, Gray & Christmas.
La tenue meilleure que prévue du marché de l'emploi aura au moins un avantage pour la Réserve fédérale. La banque centrale ne va plus se sentir obligée d'à nouveau baisser fortement ses taux d'intérêt lors de sa prochaine réunion les 30 et 31 octobre.
Le 18 septembre, la banque centrale américaine avait surpris la communauté financière en réduisant plus fortement que prévu le coût du crédit pour contrer les dangers de la crise du crédit née de la crise du marché immobilier résidentiel.
Commentaires