Associated Press le 27/11/2007 19h26 |
Etats-Unis: la poursuite de la crise du crédit pourrait plomber l'économie américaine |
Hausses astronomiques des remboursements d'emprunt, saisies de logements... Loin de se calmer, la crise des crédits immobiliers à risque se poursuit aux Etats-Unis et pourrait même avoir des conséquences dramatiques pour l'économie américaine, selon les prévisions les plus sombres. Domenico Colombo a de la chance. Cet habitant de Fort Lauderdale, en Floride, a réussi à renégocier un taux d'intérêt fixe pour son crédit à taux variable, dont les mensualités devaient s'envoler en décembre de 30%, soit 1.500 dollars (1.000 euros) supplémentaires. Alors qu'il aura à payer les études universitaires de sa fille à partir de l'an prochain, il craignait que cette hausse ne ruine ses finances et redoutait de subir le même sort que nombre de ses voisins, dans l'incapacité de rembourser et dont le logement a été saisi et mis en vente. L'accord passé avec sa banque lui permet d'envisager à nouveau l'avenir sereinement. Mais beaucoup d'autres Américains risquent de ne pas avoir cette chance. Dans les prochains mois, des millions d'emprunts à taux variable vont voir leurs mensualités grimper, laissant de nombreux propriétaires dans l'incapacité de payer. Le nombre élevé des défauts de paiement cette année a déjà ébranlé des institutions financières majeures, et une aggravation du phénomène pourrait affecter l'ensemble de l'économie et non simplement les banques, avertissent des experts. Les scénarios les plus sombres esquissent une situation catastrophique. "L'effet sur la consommation, les futurs comportements d'emprunt pourraient nous amener à une croissance économique proche de zéro", affirme Bill Gross, un responsable de PIMCO, le plus grand fonds mondial d'obligations. "Cela m'empêche de dormir la nuit." Deux millions de propriétaires possèdent pour 600 milliards de dollars (405 milliards d'euros) de crédits à taux variable "subprime", dont les mensualités devraient augmenter au cours des huit prochains mois. Or, selon les prévisions de certains experts, une nouvelle vague de défauts ou de retards de paiement pourrait provoquer une grave réaction en chaîne dans l'économie, en plus de faire perdre leur logement à de nombreux Américains. La poursuite de la crise risque d'aggraver le marasme dans le secteur de l'immobilier en mettant davantage de maisons sur le marché, ce qui pourrait faire chuter les prix jusqu'à 40% dans des Etats comme la Californie, le Nevada et la Floride. Des constructeurs comme la société Neumann Homes basée à Chicago, qui a demandé ce mois-ci à bénéficier de la protection de la loi sur les faillites, pourraient mettre la clé sous la porte. Les dix plus grandes banques mondiales pourraient voir augmenter leurs pertes liées aux crédits à risque, qui se montent déjà à 75 milliards de dollars (50 milliards d'euros) depuis le début de l'année. Des pertes massives d'emploi se traduiraient par une réduction des dépenses des ménages, essentielles pour l'économie américaine. Le département du Travail estime que près de 100.000 emplois dans les services financiers liés au crédit aux Etats-Unis ont déjà été perdus. Des milliers d'Américains dans le secteur du bâtiment pourraient également se retrouver sans travail. Et d'autres secteurs pourraient aussi être touchés. Sur la base de modèles historiques, on estime qu'une croissance égale à zéro ferait remonter le taux de chômage américain à 6,4%, ce qui signifierait la suppression d'environ trois millions d'emplois, selon l'Institut de politique économique basé à Washington. Par comparaison, durant la dernière grande récession de l'économie américaine, qui a eu lieu officiellement en 2001 mais dont les effets se sont fait sentir jusqu'en 2003, quelque deux millions d'emplois ont été détruits dans le pays. AP lma/v2/st |
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