NEW YORK (Reuters) - Goldman Sachs brosse un sombre tableau du
secteur financier américain en estimant que les prix vont continuer à
chuter dans l'immobilier de logement, que les dépréciations d'actifs
vont grossir et que certains assureurs vont être contraints de lever
des capitaux pour survivre.
Dans une longue étude publiée lundi,
les analystes financiers Lori Appelbaum, Thomas Cholnoky, James
Fotheringham et William Tanona écrivent que la détérioration du marché
de l'immobilier et des conditions d'activité économique vont encore
déprécier la valeur des actifs adossés au crédit hypothécaire,
notamment ceux liés aux emprunteurs présentant les montages les plus
risqués, c'est-à-dire le segment du subprime.
La valeur des
instruments financiers CDO (collateralized debt obligations) adossés à
ces prêts subprime pourrait perdre encore 150 milliards de dollars au
total, estime l'intermédiaire.
Ce montant s'ajouterait aux 18
milliards de dollars de dépréciations d'actifs déjà inscrites par les
institutions financières américaines au titre du troisième trimestre et
aux 22 milliards de dollars déjà attendus pour le quatrième.
Inévitablement,
certains organismes financiers et groupes d'assurance-crédit auront
besoin de lever des capitaux pour consolider leurs comptes.
Les
analystes de Goldman ajoutent qu'il y aura pour ces compagnies deux
groupes, les "désespérés" qui risqueront la faillite s'ils ne lèvent
pas de fonds et les "nécessiteux" qui auront la possibilité de se
tourner vers d'autres solutions, comme de réduire leurs dividendes.
Goldman
dresse une liste de ces sociétés spécialisées dans la garantie de
crédit, dans laquelle se retrouvent MBIA, Ambac Financial Group,
Security Capital Assurance et Assured Guaranty.
Dans la colonne des nécessiteux figurent Citigroup, Washington Mutual, First Horizon National et National City.
CRAINTES SUR LE CRÉDIT À LA CONSOMMATION
Les
rendements de l'activité hypothécaire vont baisser de manière
significative. "L'appétit des investisseurs pour les valeurs mobilières
à haut rendement liées au subprime a alimenté la bulle des prix de
l'immobilier et ce marché ne remonte pas", écrivent les analystes de
Goldman. Les courtiers vont repenser leurs modèles fondés sur ces prêts
exotiques, ajoutent-ils.
Dans ces conditions, la détérioration
du crédit à la consommation n'est pas loin. L'éclatement de la bulle
immobilière fait tache d'huile, il affecte l'emploi et entraîne des
pertes élevées pour le consommateur, poursuivent les analystes.
La
baisse des prix de l'immobilier a plongé un tiers des Etats-Unis, en
terme de PIB, dans ou non loin de la récession, affirment-ils. La
Californie suscite le plus d'inquiétudes car elle représente 13% du
produit intérieur brut américain.
Un mouvement de concentration
dans le secteur financier n'est pas attendu par Goldman avant 12 à 18
mois, malgré des valorisations qui seront dégradées et donc rendues
attractives.
"Nous estimons que des acquisitions sont
improbables avant que les comptes financiers se soient stabilisés et
qu'un plancher soit en vue pour le marché."
Les candidats
devraient venir du monde entier, y compris des pays émergents comme la
Chine et l'Inde, étant donné que le dollar reste faible.
"Nous
ne serions pas étonnés de voir la première acquisition d'une grande
banque commerciale ou une grande maison de courtage américaine par une
institution d'un marché émergent."
Les analystes de Goldman ont
abaissé lundi leur conseil sur Citigroup, le premier groupe bancaire
des Etats-Unis, en raison de son exposition aux CDO, ainsi que sur
Discover Financial Services en raison de sa vulnérabilité à la
détérioration du crédit à la consommation