subprime
Citigroup risque de faire dérailler le superfonds de Paulson
AFP
Mis en ligne le 14/12/2007
La banque américaine Citigroup, en rapatriant dans son bilan des actifs rendus invendables par la crise du crédit, pourrait faire dérailler une initiative phare de sauvetage du secteur financier orchestrée par l'administration Bush, notaient vendredi les analystes. Le premier établissement bancaire américain en termes d'actifs a annoncé dans la nuit sa décision de consolider dans ses livres pour 49 milliards d'actifs jusqu'ici hébergés hors-bilan dans des structures spécialisées. Citigroup s'y refusait jusqu'ici avec la plus grande énergie, car une telle décision risquait de dégrader ses ratios de solvabilité, alors que la banque a déjà fait l'objet d'un renflouement d'urgence de 7,5 milliards de dollars fin novembre de la part de l'émirat d'Abou Dhabi.
De toutes les grandes banques américaines, Citigroup est celle qui a le plus massivement eu recours à ces structures spécialisées, baptisées en anglais SIV (Structured Investment Vehicle), pour héberger des créances à risque. Leurs actifs auraient un temps atteint 66 milliards de dollars, selon le New York Times. Mais la banque en aurait discrètement cédé 15 milliards depuis le début de la crise, affirmait lundi le quotidien Financial Times.
La décision de consolider les SIV restant dans le bilan du groupe est la première décision du nouveau directeur général Vikram Pandit, nommé deux jours plus tôt en remplacement de Charles Prince, limogé après l'annonce d'énormes dépréciations d'actifs sur des investissements dans le "subprime".
Citigroup vient ainsi grossir les rangs des banques qui ont décidé de renflouer par elles-mêmes leurs SIV, sans plus attendre, fait remarquer George Lazarevski, analyste de BMO Capital markets. "Cela réplique des opérations de sauvetage similaires prises par la britannique HSBC, la française Société Générale et la néerlandaise Rabobank" ces dernières semaines, afin de restaurer la confiance des marchés dans ces structures, ajoute l'analyste.
Ce cavalier seul de Citigroup relativise encore plus la portée du "superfonds" censé voler au secours de ces structures en difficulté, dont le secrétaire au Trésor Henry Paulson avait poussé activement à la création. Citigroup, aux côtés de Bank of America et de JPMorgan Chase, était en effet l'une des banques qui avaient parrainé ce fonds, qui aurait normalement du être doté de quelque 80 milliards de dollars pour racheter les actifs des SIV qui ne trouvaient plus preneurs sur les marchés.
Sollicité par l'AFP, le Trésor n'a pas souhaité s'exprimer sur l'avenir du fonds, dont la mise en place reste officiellement prévue pour janvier. Selon la presse, ce "superfonds" suscite depuis le début une controverse au sein des banques sur son efficacité. Ses détracteurs estiment en effet qu'il envoie aux marchés un signe supplémentaire de la gravité de la crise, en proposant un rachat de ces titres à marche forcée.
Pour les analystes de Deutsche Bank, "le superfonds n'est sans doute plus nécessaire", au vu des initiatives de Citigroup et de ses consoeurs. L'initiative de Citigroup n'a en tous cas pas trop inquiété les marchés. A la Bourse de New York, l'action Citigroup a fait du yo-yo depuis l'ouverture, et prenait 1,58% à 31,50 dollars vers 16H50 GMT.
L'agence de notation Moody's a dégradé d'un cran la note du groupe de "Aa2" à "Aa3". L'agence rivale Standard and Poor's a au contraire salué "les efforts" de Citigroup, qui "avait déjà réussi ces derniers mois à réduire le volume de ces actifs de 83 à 49 milliards de dollars" en les revendant, estimant par ailleurs que la banque "a les capacités financières pour éponger le financement des SIV par d'autres actifs".
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