radar 4 juin 2008 : Les banques US à nouveau fragilisées
Mise à jour : 2008-06-05 00:18:18
Standard & Poor’s dégrade 3 majors US
L’agence de notation S&P a rétrogradé d’un cran la
note attribuée à Morgan Stanley, Merrill, et Lehman, en raison des de
la « faiblesse persistante du secteur » et des « dépréciations
potentielles » auxquelles les établissements pouraient devoir procéder.
Morgan passe de AA- à A+, Merrill et Lehman de A+ à A.
La perte d’un rang dans leur notation devrait
contraindre Merrill à immobiliser 3,2 milliards supplémentaires sous
forme de collatéraux garantissant ses transactions de gré à gré sur les
produits dérivés. Morgan a estimé cette charge à 973 millions et Lehman
à 200 millions.
Lehman cherche à lever 4 milliards
Lehman, qui s’apprête à annoncer de nouvelles pertes
lors de la prochaine publication de ses comptes, chercherait à lever 3
ou 4 milliards pour se recapitaliser.
Miracle comptable : A Wall Street, -2 + -2 = 4
Merrill Lynch, Citigroup et quatre autres banques US
ont utilisé une nouvelle règle comptable qui leur a permis de faire
apparaître dans leurs livres 12 milliards de revenus justifiés par la
dépréciations de la valeur de leurs émissions d’emprunts.
Selon Bloomberg, cette technique comptable aurait
permis au secteur financier dans son ensemble de compenser 160
milliards de dépréciations d’actifs.
Ce procédé de comptabilisation a été institué par la
nouvelle règle FASB 159 qui recommande aux banques de pratiquer la
valorisation au cours du marché de leurs actifs. Les banques avaient
alors demandé - et obtenu - de pouvoir pratiquer de même pour leur
passif.
De ce fait, si la valeur des obligations qu’elles ont
émises décroit en raison de la méfiance des investisseurs, elles
comptabilisent cette dépréciation comme un gain potentiel, voulant y
voir une dette allégée d’autant....
« Dans le monde réel vous ne gagnez pas un centime »,
observe Richard Bove, un analyste du secteur. « Vous devez toujours la
même somme. C’est un autre exemple de ces règles comptables qui vous
éloignent de plus en plus de la réalité. »
Si le cours d’une obligation tombe à
80% de sa valeur nominale, l’établissement émetteur pourrait
théoriquement espérer racheter sa dette à bon compte. Mais c’est là une
éventualité on ne peut plus invraisemblable. La dépréciation de la
valeur d’une obligation manifeste la perte de crédibilité de
l’émetteur. Il lui est alors impossible de se refinancer sans payer de
fortes primes de risques, ce qui lui interdit de fait de procéder au
rachat de sa dette.