radar 4 juin 2008 : Les banques US à nouveau fragilisées
Standard & Poor’s dégrade 3 majors US
L’agence de notation S&P a rétrogradé d’un cran la note attribuée à Morgan Stanley, Merrill, et Lehman, en raison des de la « faiblesse persistante du secteur » et des « dépréciations potentielles » auxquelles les établissements pouraient devoir procéder.
Morgan passe de AA- à A+, Merrill et Lehman de A+ à A.
La perte d’un rang dans leur notation devrait contraindre Merrill à immobiliser 3,2 milliards supplémentaires sous forme de collatéraux garantissant ses transactions de gré à gré sur les produits dérivés. Morgan a estimé cette charge à 973 millions et Lehman à 200 millions.
Lehman cherche à lever 4 milliards
Lehman, qui s’apprête à annoncer de nouvelles pertes lors de la prochaine publication de ses comptes, chercherait à lever 3 ou 4 milliards pour se recapitaliser.
Miracle comptable : A Wall Street, -2 + -2 = 4
Merrill Lynch, Citigroup et quatre autres banques US ont utilisé une nouvelle règle comptable qui leur a permis de faire apparaître dans leurs livres 12 milliards de revenus justifiés par la dépréciations de la valeur de leurs émissions d’emprunts.
Selon Bloomberg, cette technique comptable aurait permis au secteur financier dans son ensemble de compenser 160 milliards de dépréciations d’actifs.
Ce procédé de comptabilisation a été institué par la nouvelle règle FASB 159 qui recommande aux banques de pratiquer la valorisation au cours du marché de leurs actifs. Les banques avaient alors demandé - et obtenu - de pouvoir pratiquer de même pour leur passif.
De ce fait, si la valeur des obligations qu’elles ont émises décroit en raison de la méfiance des investisseurs, elles comptabilisent cette dépréciation comme un gain potentiel, voulant y voir une dette allégée d’autant....
« Dans le monde réel vous ne gagnez pas un centime », observe Richard Bove, un analyste du secteur. « Vous devez toujours la même somme. C’est un autre exemple de ces règles comptables qui vous éloignent de plus en plus de la réalité. »
Si le cours d’une obligation tombe à 80% de sa valeur nominale, l’établissement émetteur pourrait théoriquement espérer racheter sa dette à bon compte. Mais c’est là une éventualité on ne peut plus invraisemblable. La dépréciation de la valeur d’une obligation manifeste la perte de crédibilité de l’émetteur. Il lui est alors impossible de se refinancer sans payer de fortes primes de risques, ce qui lui interdit de fait de procéder au rachat de sa dette.
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