jeudi 17 novembre
La question du statut des banques centrales n’est jamais évoquée dans le grand débat concernant la crise financière. Il faut pourtant rappeler, pour ne prendre que l’exemple français, que la Banque de France, après avoir été nationalisée au lendemain de la guerre, fut entièrement soumise au Trésor jusqu’à la loi du 3 janvier 1973, loi qui devait instaurer une stricte séparation et surtout une indépendance complète par rapport à l’exécutif. Texte qui devait être confirmé et durci dans le cadre du traité de Lisbonne.
Conçue comme instrument de la reconstruction du pays, la banque centrale de l’après-guerre allait affranchir la communauté nationale de contraintes jusqu’alors fixées par les croyances monétaires : oui, la monnaie n’est qu’une convention sociale puisque réellement créée à partir de rien ; oui, la planche à billets, si elle est correctement manoeuvrée, permet de mettre fin à la loi d’airain de la monnaie. ...
La gestion monétaire, habilement menée après la Seconde Guerre mondiale, que l’on soit en France ou ailleurs, a autorisé des investissements publics gigantesques - investissements dont on aurait tant besoin aujourd’hui - en mettant fin à la pénurie monétaire et aux taux d’intérêt associés.
De ce point de vue, l’indépendance aujourd’hui, partout constatée des banques centrales, fut un cruel retour en arrière vers l’aliénation monétaire : l’inflation, pourtant disparue depuis longtemps - les années 1960 qui précèdent l’indépendance furent beaucoup plus sages que celles qui suivirent -, faisant figure de diable pour les tenants de cette régression.
(...)
Commentaires