Reniements européens : une banque centrale incapable d’agir comme telle, par Michael Hudson (II/III)
29 décembre 2011 12:09
« Si l’euro éclate, c’est en raison de l’obligation faite aux Etats de payer les banquiers avec de l’argent qui doit être emprunté plutôt que créé par leur propres banques centrales. Contrairement aux États-Unis et à la Grande-Bretagne qui peuvent créer du crédit sur les claviers d’ordinateur de la banque centrale afin d’éviter la récession ou l’insolvabilité, la Constitution allemande et le traité de Lisbonne empêchent la banque centrale de procéder ainsi. » Pour Michael Hudson, la privatisation totale de la fonction monétaire concédée en Europe est un élément central de l’analyse de la situation : la rigueur budgétaire présentée aujourd’hui comme inévitable n’a de sens que parce que les Etats européens - à contrario des autres puissances mondiales - se sont privés de leur pouvoir régalien monétaire. Ayant sans véritable examen intériorisés l’accusation d’ « usual suspects » de l’inflation, ils ont confié le levier de la création monétaire aux seules banques privées, garanties par une banque centrale uniquement soucieuse de contenir l’inflation à la consommation- identifiée aux augmentations de salaires - et structurellement indifférente à l’inflation des actifs et de la dette résultant des transferts de capitaux compensant les déséquilibres commerciaux. Avec pour résultat des bulles immobilières et un surendettement du secteur privé, ménages et entreprises, au bénéfice d’intermédiaires grisés par les potentiels d’enrichissement à court terme, et d’une oligarchie prélevant toujours plus par le simple jeu des intérêts composés.
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