16 septembre (Reuters) - Le fonds de pension de
d'administration publique de Californie, premier fonds de
pension américain en termes d'actifs sous gestion, va récupérer
les quatre milliards de dollars qu'il a investi dans des
sociétés de gestion alternative (hedge funds), qu'il juge trop
complexes et trop coûteuses.
Le California Public Employees' Retirement System, plus
connu sous le nom de Calpers, qui gère 300 milliards de dollars
d'actifs, investit dans des fonds alternatifs depuis plus de dix
ans et a même été en 2002 l'un des premiers grands investisseurs
institutionnels à confier des fonds à cette industrie peu
réglementée.
Du fait de sa taille, les décisions d'investissement de
Calpers ont généralement un effet d'entraînement et des
spécialistes de l'industrie de la gestion estiment que d'autres
fonds de pension pourraient être amenés à revoir leurs
allocations à un secteur de la gestion alternative dont les
actifs totalisent près de 3.000 milliards de dollars.
"Les hedge funds sont certainement une stratégie viable,
mais tout compte fait et au regard de sa complexité, de son coût
et de la difficulté à dégager des économies d'échelle (...) le
programme de stratégies de rendement absolu (Absolute Return
Strategies, ARS) ne mérite pas d'être poursuivi", écrit le
directeur des investissements de Calpers par intérim, Ted
Eliopoulos, dans un communiqué.
Calpers précise qu'il sortira les fonds confiés à trente
sociétés de gestion alternative au cours des douze prochains
mois "d'une manière qui serve au mieux les intérêts du
portefeuille" de placements. Les fonds alternatifs obligent en
général leurs clients à bloquer les fonds qu'ils leur confient
pendant une période qui peut aller de plusieurs mois à plusieurs
années.
Les débats sur le rôle de la gestion alternative au sein de
Calpers ont commencé après le décès de l'ancien responsable de
ses investissements Joseph Dear, en février dernier, ont
expliqué des sources proches du fonds.
DES RENDEMENTS À LA TRAÎNE
Joseph Dear, qui avait rejoint Calpers en 2009, avait
diversifié le portefeuille au profit de placements plus risqués
comme la gestion alternative ou le capital-investissement, afin
de compenser les pertes subies pendant la crise financière, qui
avait conduit à une chute de 23,6% des actifs sur l'exercice
fiscal clos au 30 juin 2009.
Au cours des dernières années, les hedge funds n'ont
toutefois pas dégagé les rendements hors normes qui avaient fait
leur réputation et de nombreux fonds de pension et autres
investisseurs institutionnels se sont de plus en plus
ouvertement interrogés sur leurs frais de gestion, qui
comprennent en général une commission de gestion de 2% des
actifs et une participation de 20% aux gains réalisés.
La performance des hedge funds entre le début de l'année et
la fin août ressortait à 4,1%, selon les calculs de Hedge Fund
Research, contre 9,87% pour le Standard & Poor's 500.
"Les hedge funds n'ont pas tellement contribué aux résultats
de Calpers pendant le boom du marché des actions (qui a suivi la
crise financière), mais ceux qui sont bons ont pu offrir une
couverture contre les trous d'air du marché", a dit Erik Gordon,
professeur à l'Université du Michigan qui travaille notamment
sur l'industrie de la gestion.
En juillet, Calpers avait fait état d'un rendement de ses
investissements de 18,4% sur l'exercice fiscal clos le 30 juin
dont un rendement de 7,1% pour la gestion alternative. Le
rendement des fonds placés en capital investissement atteignait
20% sur la période.
Calpers, qui gère le fonds de retraite d'environ 1,6 million
de fonctionnaires californiens retraités ou en activité et de
leurs ayants-droits, a comme objectif de dégager un rendement de
ses actifs de 7,5% par an en moyenne. Il est ressorti a 7,2% par
an en moyenne sur la période de 10 ans allant jusqu'au 30 juin
2014.
(Svea Herbst-Bayliss à Boston et Barani Krishnan à New York,
Marc Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand)
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