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par Carmel Crimmins et Huw Jones LONDRES, 27 novembre (Reuters) - Des taux courts proches de zéro quand ils ne sont pas négatifs et un environnement réglementaire de plus en plus contraignant amènent les trésoriers d'entreprise à prendre de plus en plus de risque pour placer des liquidités que la crise financière les a poussés à renforcer. Les trésoriers d'entreprise sont sous pression depuis la crise financière de 2007-2009 qui avait vu nombre de banques dans l'incapacité de leur accorder les concours à court terme nécessaires pour financer les activités au jour le jour. Au plus fort du séisme financier, certains s'étaient aussi retrouvés dans l'incapacité de récupérer la trésorerie placée dans des fonds monétaires. Ils en ont tiré les leçons, les entreprises américaines, britanniques et de la zone euro ayant plus que doublé le montant de leur trésorerie depuis 2000 à 5.300 milliards de dollars. Graphique sur la hausse des trésoreries des entreprises : http://link.reuters.com/byp53w Mais le placement de ces fonds relève de plus en plus du casse-tête avec des banques qui refusent leur argent et une évolution de la réglementation des fonds monétaires qui les rend moins attractifs. "Nous assistons à un changement tectonique dans le paysage de la gestion de trésorerie", constate Alastair Sewell, directeur général de l'agence de notation Fitch Ratings. "L'une des options est de prendre plus de risques." L'une des conséquences du nouvel environnement réglementaire destiné à rendre les banques plus sûres est qu'elles doivent désormais considérer certaines grandes entreprises comme risquées même si ces dernières disposent d'une trésorerie abondante. Elles peuvent en effet retirer des montants très importants et peuvent donc affecter la liquidité de la banque dans des proportions bien plus significative qu'un grand nombre de petits déposants. Pour cette raison, les banques ne peuvent investir la trésorerie confiée par des grandes entreprises que dans des actifs très liquides, ce qui ne leur permet de percevoir de fortes commissions. "Elles ne vous diront jamais non mais elles vous proposeront les moins bonnes conditions de rémunération possible", constate un trésorier basé à Londres. Certains grands établissements comme Commerzbank CBKG.DE ou BNY Mellon BK.N appliquent même des taux négatifs sur les dépôts en euro de leurs grands clients, répercutant la décision prise en juin dernier par la Banque centrale européenne de passer son taux de dépôt sur les réserves excédentaires des banques en territoire négatif afin de leur pousser à faire des crédits. PLUS DE FONDS MONETAIRES ? Les fonds monétaires, alternative traditionnelle aux dépôts bancaires, sont sous le coup d'une évolution réglementaire qui risque de les rendre beaucoup moins attractif pour les trésoriers. La Commission européenne veut durcir les règles des fonds dits à valeur constante (CNAV) qui représentent près de la moitié des quelques 1.000 milliards d'euros d'encours des fonds monétaires de la zone euro Graphique sur les actifs des fonds CNAV en Europe : http://link.reuters.com/vup53w Ces fonds, plus attractifs pour les trésoriers car ils assurent un prix fixe de rachat pour chaque part, sont considérés comme plus risqués par la Commission que les fonds variables, logés avant tout en France, dont le prix des parts dépend de la valeur nette des actifs. Le durcissement des règles applicables aux fonds CNAV risque de leur faire perdre leur avantage par rapport aux fonds variables, plus lourds en termes d'obligations comptables et fiscales pour les trésoriers et dont les rémunérations sont loin d'être attractives en raison de la faiblesse des taux courts. Les trésoriers pourraient certes se retourner vers les banques et tenter de négocier des taux créditeurs un peu plus attractifs avec les établissements les mieux notés et donc les plus aptes à accepter leurs dépôts. "Si les (fonds) CNAV sont supprimés, nous assisterons à une plus forte concentration du cash dans les grandes banques nationales et ce ne sera pas une bonne chose en termes de risque systémique ni pour la facilité de la gestion opérationnelle de leur liquidité par les entreprises", a estimé Richard Raeburn, président de la l'Association européenne des trésoriers d'entreprise. DES DEPÔTS AU REPO Aussi les plus grandes entreprises ont-elles déjà fait preuve d'imagination. Plutôt que de marchander sur le taux des dépôts, beaucoup concluent des opérations de pensions livrées, ou repo, avec des banques. Alors qu'elles n'étaient que quelques unes à s'être aventurées sur ce marché pendant la crise financière, le flot des entreprises basculant des "dépôts au repo" et prêtant à court terme leur trésorerie en échange de garanties (collatéral) ne cesse de grossir: Clearstream, une chambre de compensation, a vu les volumes à ce titre bondir de 200% cette année. Cette option n'est toutefois vraiment envisageable que pour de grandes entreprises déjà dotées d'un département de la trésorerie sophistiqué mais n'est guère envisageable pour des entreprises petites ou moyennes. "Certains trésoriers d'entreprise vont sur le repo, c'est très bien pour les grandes entreprises, une réelle alternative. Mais qu'en est-il des entreprises petites ou moyennes ou les fondations qui n'en ont pas les compétences techniques nécessaires ?", s'interrroge Raeburn. D'autres trésoriers placent leurs liquidités auprès de banques asiatiques ou du Moyen-Orient qui offrent des taux plus élevés voire envisagent d'investir leurs excédents dans des actifs plus risqués mais plus rémunérateurs comme les obligations d'entreprise. "Nous avons envisagé sérieusement des classes d'actifs alternatives", a dit Stephen Percival, directeur du contrôle financier et de la trésorerie de l'assureur britannique Standard Life STAN.L . "Nous traitons avec des banques d'origines géographiques beaucoup plus variées", a-t-il ajouté. Les sociétés de gestion se sont aussi adaptées à ce nouvel environnement en proposant des produits plus risqués, mais qui ne sont pas considérés comme des fonds monétaires et offrent des rémunérations plus attrayantes. (Marc Joanny pour le service français; édité par Patrick Vignal)
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