De toutes les grandes banques américaines, Citigroup est celle qui a le
plus massivement eu recours à ces structures spécialisées, baptisées en
anglais SIV, pour héberger des créances à risque.
La banque américaine Citigroup, en
rapatriant dans son bilan des actifs rendus invendables par la crise du
crédit, pourrait faire dérailler une initiative phare de sauvetage du
secteur financier orchestrée par l'administration Bush, notaient
vendredi les analystes.
Le premier établissement bancaire américain en termes d'actifs a
annoncé dans la nuit sa décision de consolider dans ses livres pour 49
milliards d'actifs jusqu'ici hébergés hors-bilan dans des structures
spécialisées.
Citigroup s'y refusait jusqu'ici avec la plus grande énergie, car une
telle décision risquait de dégrader ses ratios de solvabilité, alors
que la banque a déjà fait l'objet d'un renflouement d'urgence de 7,5
milliards de dollars fin novembre de la part de l'émirat d'Abou Dhabi.
De toutes les grandes banques américaines, Citigroup est celle
qui a le plus massivement eu recours à ces structures spécialisées,
baptisées en anglais SIV (Structured Investment Vehicle), pour héberger
des créances à risque. Leurs actifs auraient un temps atteint 66
milliards de dollars, selon le New York Times. Mais la banque en aurait
discrètement cédé 15 milliards depuis le début de la crise, affirmait
lundi le quotidien Financial Times.
La décision de consolider les SIV restant dans le bilan du
groupe est la première décision du nouveau directeur général Vikram
Pandit, nommé deux jours plus tôt en remplacement de Charles Prince,
limogé après l'annonce d'énormes dépréciations d'actifs sur des
investissements dans le "subprime".
Citigroup vient ainsi grossir les rangs des banques qui ont
décidé de renflouer par elles-mêmes leurs SIV, sans plus attendre, fait
remarquer George Lazarevski, analyste de BMO Capital markets. "Cela
réplique des opérations de sauvetage similaires prises par la
britannique HSBC, la française Société Générale et la néerlandaise
Rabobank" ces dernières semaines, afin de restaurer la confiance des
marchés dans ces structures, ajoute l'analyste.
Ce cavalier seul de Citigroup relativise encore plus la portée
du "superfonds" censé voler au secours de ces structures en difficulté,
dont le secrétaire au Trésor Henry Paulson avait poussé activement à la
création.
Citigroup, aux côtés de Bank of America et de JPMorgan Chase, était en
effet l'une des banques qui avaient parrainé ce fonds, qui aurait
normalement du être doté de quelque 80 milliards de dollars pour
racheter les actifs des SIV qui ne trouvaient plus preneurs sur les
marchés.
Sollicité par l'AFP, le Trésor n'a pas souhaité s'exprimer sur
l'avenir du fonds, dont la mise en place reste officiellement prévue
pour janvier.
Selon la presse, ce "superfonds" suscite depuis le début une
controverse au sein des banques sur son efficacité. Ses détracteurs
estiment en effet qu'il envoie aux marchés un signe supplémentaire de
la gravité de la crise, en proposant un rachat de ces titres à marche
forcée.
Pour les analystes de Deutsche Bank, "le superfonds n'est sans
doute plus nécessaire", au vu des initiatives de Citigroup et de ses
consoeurs.
L'initiative de Citigroup n'a en tous cas pas trop inquiété les
marchés.
A la Bourse de New York, l'action Citigroup a fait du yo-yo depuis
l'ouverture, et prenait 1,58% à 31,50 dollars vers 16H50 GMT.
L'agence de notation Moody's a dégradé d'un cran la note du
groupe de "Aa2" à "Aa3". L'agence rivale Standard and Poor's a au
contraire salué "les efforts" de Citigroup, qui "avait déjà réussi ces
derniers mois à réduire le volume de ces actifs de 83 à 49 milliards de
dollars" en les revendant, estimant par ailleurs que la banque "a les
capacités financières pour éponger le financement des SIV par d'autres
actifs".