AFP le 10/07/2007 23h49 |
L'euro bat un nouveau record, au-dessus de 1,37 dollar |
L'euro a franchi mardi le seuil de 1,37 dollar pour la première fois depuis sa création, face à un billet vert miné par les perspectives économiques et monétaires américaines, tandis que le débat sur les effets pervers d'une monnaie forte bat son plein en Europe. L'euro, utilisé dans 13 pays par quelque 320 millions de personnes, a grimpé jusqu'à 1,3748 dollar. Dans le même temps, la livre sterling a atteint un nouveau plus haut depuis 1981, à 2,0276 dollars. Le billet vert pâtit actuellement des craintes de voir les problèmes du crédit immobilier à risque ("subprime" en anglais) se propager à l'ensemble du secteur financier aux Etats-Unis. Les perspectives de l'économie américaine sont "un gros point d'interrogation à l'heure actuelle", a dit Audrey Childe-Freeman, de la banque CIBC. Jusqu'à présent, la bonne tenue du marché de l'emploi constitue un signe de répit pour l'économie américaine. "Mais il a toujours un temps de retard et sa bonne résistance ne peut pas durer encore très longtemps", a averti l'économiste. Plus généralement, la remontée des taux d'intérêt en Europe et au Royaume-Uni, alors qu'ils stagnent depuis un an aux Etats-Unis, incite les investisseurs, à la recherche de meilleurs rendements financiers, à acheter de l'euro et de la livre aux dépens du dollar.
Les taux d'intérêt en zone euro pourraient grimper jusqu'à 4,50% fin 2007 ou début 2008, selon les analystes. Au Royaume-Uni, ils sont déjà au plus haut depuis début 2001 à 5,75%, et le seuil des 6% est en vue. Ce nouveau pic de l'euro intervient alors que le président français Nicolas Sarkozy, inquiet des effets pervers d'une devise trop forte sur l'économie, en particulier les exportations, plaide pour une politique de changes européenne. Il reproche à la Banque centrale européenne (BCE) de sacrifier sur l'autel de la stabilité des prix les considérations sur la croissance, et souhaiterait un droit de regard politique de l'Eurogroupe sur ses choix monétaires. "Sur la politique monétaire, nous ne sommes pas exactement sur la même longueur d'onde" avec le président de la BCE Jean-Claude Trichet, a affirmé M. Sarkozy lundi soir lors d'une conférence de presse à Bruxelles, à l'issue d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro à laquelle il participait. La plupart des dirigeants européens sont loin de partager cette analyse et ces revendications. Tantôt ils rappellent que les taux de changes sont déterminés par le marché, position officielle du G7, tantôt ils relativisent les effets pervers d'une devise forte. "J'adore l'euro fort", a ainsi déclaré lundi à Bruxelles Peer Steinbrück, ministre des Finances de l'Allemagne, champion mondial des exportations. Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, voit quant à lui dans l'euro fort "la meilleure preuve" de la bonne santé économique de la zone euro, selon des propos vendredi dernier. Pour Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès, l'Allemagne est moins exposée que la France à la vigueur de la monnaie unique car elle exporte des biens plus différenciés et qu'elle est plus compétitive. La Commission européenne a pour sa part estimé début juillet que la hausse réelle de l'euro depuis 2001 n'avait eu qu'un "faible impact" sur les exportations de la zone, invitant la France à se pencher sur ses problèmes de compétitivité. De même qu'il rencontre peu d'échos chez ses pairs, l'activisme du président français laisse de marbre le marché. "Les déclarations de M. Sarkozy ne font pas bouger d'un iota le cours de l'euro", a souligné un économiste d'une grande banque européenne à Londres. |
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