es craintes d'une contagion de la crise du marché des crédits immobiliers à risque ("subprime mortgage")
américain à l'ensemble du secteur financier ont fait trembler les
places boursières cette semaine. Entre le 23 et le 27 juillet,
celles-ci ont été chahutées, à l'image de la Bourse de New York, où le
Dow Jones et le Nasdaq ont cédé respectivement 4,23 % et 4,66 %. En
Europe, l'Eurostoxx 50 a reculé de 4,87 %, résumant un recul général
des places du Vieux Continent : - 5,26 % pour le CAC 40 à Paris, - 5,62
% pour le FTSE de Londres et - 5,37 % pour le DAX allemand.
Ce repli cache un parcours heurté témoignant de la nervosité des investisseurs. Après un début de semaine relativement serein, alimenté par les résultats semestriels des entreprises, les marchés ont décroché sous l'effet d'indicateurs illustrant l'effet boule de neige de la crise des subprime. La première alerte a été donnée mardi par l'annonce des résultats décevants de Countrywide Financial, acteur majeur des crédits hypothécaires.
Pour certains, ces mauvaises performances démontrent que les déboires des Américains endettés ne concernent plus seulement les créditeurs à "risque" mais aussi les ménages plus aisés.
Mercredi, les difficultés du fonds Cerberus à trouver les financements nécessaires pour le rachat du constructeur automobile Chrysler ont aussi nourri les inquiétudes. Les banques, échaudées par les difficultés du marché des crédits immobiliers, sont désormais bien plus prudentes et exigeantes dans l'octroi des prêts, largement utilisés pour les opérations menées par les fonds.
JEUDI NOIR
Les coûts d'accès au crédit s'étant renchéris, le groupe agroalimentaire britannique Cadbury Schweppes a annoncé qu'il repoussait la date limite de dépôt des candidatures au rachat de sa division spécialisée dans les boissons aux Etats-Unis (7 Up, Dr Pepper...), en raison de "l'extrême volatilité" des marchés de dette.
Jeudi, les investisseurs ont cédé à la panique après les chiffres décevants des ventes de logements aux Etats-Unis faisant dévisser de plus de 2 % les principales Bourses mondiales.
Pour la plupart des analystes, leurs craintes sont légitimes mais sans doute disproportionnées. "Le risque de contagion (de la crise des subprime à l'ensemble du marché des crédits) n'est pas nul mais faible", estime-t-on chez Natixis. "Nous sommes face à un risque psychologique. En théorie, la dégradation du marché du crédit ne justifie pas un krach même si une grosse correction est possible", ajoute Christian Parisot, économiste chez Aurel Leven. Vendredi, le chiffre de la croissance américaine (3,4 % au deuxième trimestre en rythme annuel) n'a pas suffit à rassurer. Le Dow Jones a abandonné à nouveau 1,54 %.
Les tensions se sont aussi accentuées sur le marché obligataire. Les taux à long terme ont baissé, reflétant le comportement des investisseurs qui délaissent les actifs risqués au profit des emprunts d'Etat. Evoluant à l'inverse des prix, le taux de l'obligation du Trésor américain à dix ans est passé de 4,95 % à 4,78 % en une semaine et celui de l'Etat français de 4,50 % à 4,41 %. Au plus haut de l'année le 6 juillet, ce dernier était à 4,74 %.
Le dollar s'est aussi repris de manière étonnante en fin de semaine. Souffrant depuis quelques semaines des difficultés du marché du crédit hypothécaire, il a repris son rôle de monnaie refuge. Il avait battu des records de faiblesse en début de semaine, emmenant l'euro à son plus haut niveau historique (à 1,3852 dollar mardi). Vendredi, la devise européenne ne cotait plus que 1,3632 dollar.
Face au yen aussi, le dollar a joué avec les nerfs des cambistes. De 121,27 yens, le 20 juillet, il a chuté à 118,68 yens jeudi, avant de revenir vendredi au-dessus de 119 yens. Certains économistes signalent que le taux de change du dollar en yens sera, dans les prochaines semaines, étroitement dépendant du moral des investisseurs japonais. Ceux-ci ont beaucoup acheté d'actifs financiers sur le marché des prêts immobiliers américains. Ils pourraient s'en retirer en masse et rapatrier leurs capitaux, ce qui ferait alors chuter le billet vert face au yen.
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