Reuters le 28/08/2007 22h09 |
La Fed songe à infléchir sa politique si la crise s'aggrave |
par Mark Felsenthal et David Lawder WASHINGTON (Reuters) - La Réserve fédérale a constaté lors de sa réunion du 7 août qu'une dégradation de la situation sur les marchés financiers pourrait nécessiter une inflexion de sa politique monétaire mais elle a choisi de maintenir l'accent sur les risques inflationnistes, montre le compte-rendu de cette réunion publié mardi. "Les membres (du FOMC) s'attendaient à un retour à des conditions de marché plus normales mais ils ont reconnu que le processus prendrait probablement un certain temps, notamment sur les marchés liés aux crédits hypothécaires à risque", explique le Federal Open Market Committee dans ces "minutes". "Cependant, une dégradation supplémentaire des conditions financières ne pouvait pas être exclue et, dans la mesure où une telle évolution pourrait avoir un impact défavorable sur les perspectives de croissance, elle pourrait nécessiter une réponse en matière de politique monétaire", a ajouté la banque centrale. Selon ce compte-rendu, les membres du FOMC se sont accordés pour juger que les tensions sur les marchés financiers augmentaient les risques pesant sur la croissance économique mais ils ont estimé que leur prévision d'une croissance modérée serait confortée par les créations d'emplois, l'augmentation des revenus et la demande étrangère. Le texte a douché en partie les espoirs des investisseurs de voir la Fed abaisser prochainement le taux des fonds fédéraux pour assouplir les conditions du crédit et rassurer les marchés financiers, ce qui s'est traduit par une aggravation de la baisse de Wall Street en fin de séance et par une amplification de la hausse des emprunts d'Etats. "Elle (la Fed) distingue l'économie du marché et elle gère la situation de deux manières différentes", a commenté Doug Roberts, directeur des investissements de Channel Capital Research. "Elle va utiliser le taux des fonds fédéraux en cas de détérioration de la situation économique mais, pour gérer la situation sur les marchés, elle va utiliser le taux d'escompte, l'injection de capitaux et les discussions avec les autres banques centrales", a-t-il ajouté. "Si les résultats (économiques) tiennent bon, cela l'incitera à ne pas abaisser le taux des fed funds." NETTE DÉTÉRIORATION ENTRE LE 7 ET LE 10 AOÛT La Fed a laissé le taux des fonds fédéraux inchangé à 5,25% à l'issue de la réunion du 7 août, expliquant que le risque de voir l'inflation rester élevée constituait sa principale préoccupation. Elle a toutefois noté alors que les risques pesant sur la croissance avaient quelque peu augmenté. Dix jours plus tard, elle a pris la décision inattendue d'abaisser d'un point son taux d'escompte - celui auquel elle prête des fonds aux banques - pour le ramener à 5,75%, en expliquant que les risques sur la croissance avaient augmenté de manière marquée, en raison des turbulences des jours précédents sur les marchés financiers et du durcissement des conditions d'octroi de crédit. Le compte-rendu publié mardi ne porte que sur la réunion du 7 août et non sur les débats ayant abouti à la baisse du taux d'escompte le 17 août. Les membres du Federal Open Market Committee ont reconnu le 7 août que les tensions alors récentes sur les marchés financiers constituaient des risques baissiers supplémentaires pour la croissance économique, mais ils anticipaient alors une croissance économique modérée et les risques d'accélération de l'inflation leur semblaient toujours constituer le principal motif de préoccupation. "L'expansion devrait être soutenue par des créations d'emplois solides et la progression des revenus réels, qui devraient encourager la consommation, ainsi que par la croissance de la demande étrangère de biens et de services produits aux Etats-Unis", dit la Fed dans le compte-rendu. "L'ajustement en cours sur les marchés immobiliers devrait exercer une influence restrictive sur la croissance globale pendant encore plusieurs trimestres et rester l'une des principales sources d'incertitude concernant les perspectives." La Fed a aussi constaté le 7 août que les marchés de titres hypothécaires adossés à des prêts "subprime" ou octroyés dans des conditions inhabituelles "étaient devenus 'illiquides'". En dépit de ces constats, la Fed s'attendait alors à une reprise des marchés concernés et elle notait que des financements restaient disponibles pour certains acheteurs immobiliers et que les taux des prêts aux emprunteurs les plus solvables avaient baissé au cours des dernière semaines, des éléments susceptibles de soutenir le marché. Le 17 août, la banque centrale a toutefois reconnu que la situation des marchés financiers s'était détériorée et qu'elle menaçait de limiter la croissance économique. Le FOMC s'est alors dit "prêt à agir si nécessaire pour atténuer les effets néfastes pour l'économie créés par les perturbations sur les marchés financiers". |
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