AFP le 10/08/2007 07h58 |
Après les banques et les Bourses mondiales, la crise des prêts
immobiliers à risques ("subprimes") fait aussi chuter les cours du
pétrole, en incitant les spéculateurs en quête d'argent frais à
liquider leurs positions. Alors qu'il était
orienté à la hausse depuis le début de l'été, le marché du pétrole a
dégringolé ces derniers jours. Jeudi, le baril de brut est tombé à
70,50 dollars en séance à New York, soit une chute de plus de 8 dollars
en huit jours (-10,5%). Il avait atteint un record historique mercredi 1er août à 78,77 dollars. A
Londres, le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en
septembre a reculé jusqu'à 69,25 dollars, un plus bas depuis le 13
juin. Il avait frôlé le 16 juillet son record historique de l'an
dernier, à 78,40 dollars. "Les craintes d'une
restriction mondiale du crédit pèsent sur le marché du pétrole",
souligne Jason Schenker, analyste chez Wachovia. En
cause: la crise des prêts immobiliers à risques et ses répercussions
sur le secteur financier. De nombreux fonds exposés aux difficultés des
subprimes chercheraient en effet à couvrir leurs pertes en liquidant
leurs positions sur les marchés des matières premières. "C'est
un effet de contagion: ce qui se passe sur les marchés boursiers et des
capitaux a causé un assèchement des liquidités, obligeant plusieurs
acteurs comme les hedge funds (fonds spéculatifs, ndlr) à quitter le
marché de l'énergie et à liquider leurs positions", explique John
Kilduff, analyste chez MF Global. Après les banques
australienne Macquarie, américaine Bear Stearns, britannique HSBC et
allemande IKB, c'est la française BNP Paribas qui a annoncé qu'elle
gelait trois fonds de placement jeudi. La nouvelle a fait chuter les
Bourses mondiales. Le même jour, les cours du Brent sont tombés sous
les 70 dollars le baril. "Il y a un problème de
liquidité: les gens veulent leur argent, ils veulent leur cash, il faut
donc aller sur le marché et vendre", abonde Bart Melek, analyste chez
BMO Capital Markets. La désertion des spéculateurs
a un impact d'autant plus important que ces derniers s'étaient rués sur
le marché au début de l'été, appâtés par la perspective de nouveaux
records historiques. D'après les chiffres de
l'autorité américaine de régulation des marchés des matières premières
(CFTC), les positions longues des fonds spéculatifs étaient ainsi
montés à un niveau record en juillet. "Les fonds
ont vraiment poussé les prix à la hausse à partir de la fin du mois de
juin. Mais ils devaient sortir du marché à un moment et c'est
maintenant qu'ils ont choisi de le faire", explique Jason Schenker. Le
moment est d'autant mieux choisi que la demande américaine d'essence
donne actuellement des signes de faiblesse, la saison des grands
déplacements en voiture touchant bientôt à sa fin. "Il
y a eu 3 semaines consécutives de déclin de la demande aux Etats-Unis.
Rien d'énorme, mais néanmoins, les investisseurs se disent: +si nous
avons des profits, prenons les maintenant+", note Bart Melek. Avec la désertion des spéculateurs, les fondamentaux du marché reviennent ainsi au premier plan, observe aussi Jason Schenker. Or,
"l'offre de pétrole est élevée, la demande d'essence chute, et nous
allons bientôt entrer dans la saison creuse" du marché, remarque-t-il. Les
cours ne sont toutefois pas à l'abri d'un rebond, un ouragan pouvant
encore faire flamber l'or noir, comme cela avait été le cas avec
Katrina en septembre 2005. En outre, la tendance à
long terme semble pencher obstinément vers le haut. Mardi, l'agence
américaine d'information sur l'Energie (EIA) a ainsi revu en hausse de
plus de 4 dollars ses prévisions de prix moyen du baril pour 2008, à
71,25 dollars, contre 67,60 dollars
Une pompe à essence
© AFP/Archives Behrouz Mehri
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