AFP le 16/09/2007 14h31 |
Grande-Bretagne: le flou sur l'avenir de Northern Rock risque d'aggraver la peur des clients |
Une agence de Northern Rock à Bromley, au sud-est de Londres, le 14 septembre 2007 © AFP Ben Stansall |
Malgré les appels au calme lancés par les autorités, rien ne semblait de nature à rassurer les clients paniqués de la banque britannique Northern Rock, qui n'étaient même pas certains d'avoir encore une banque la semaine prochaine.
Comme vendredi, des centaines de clients ont tenté samedi de retirer leurs économies, après que la banque eut annoncé avoir eu recours à une aide d'urgence de la Banque d'Angleterre (BoE), faute d'inspirer assez confiance aux autres banques pour qu'elles continuent à lui prêter de l'argent.
Beaucoup n'ont pas réussi en raison de l'affluence, bien que la banque ait étendu les heures d'ouverture de ses succursales d'une ou deux heures samedi, tandis que le site internet était en panne. La police est intervenue à quelques reprises pour calmer des clients.
Selon les sources, entre un et 1,5 milliard de livres (1,5 et 2,2 milliards d'euros) ont ainsi été récupérés, sur les 24 milliards détenus par Northern Rock.
Les autorités ont essayé à nouveau samedi soir d'endiguer l'hémorragie par des appels au calme.
Callum Mc Carthy, président de la FSA, le régulateur des marchés financiers, a insisté : "Pour être absolument clair, si nous pensions que Northern Rock n'est pas solvable, nous ne l'aurions pas autorisée à rester ouverte".
Mais personne n'expliquait clairement aux clients ce qui allait advenir. Tout ce qu'ils savent est que les premières 35.000 livres de leur épargne sont garanties par un fonds national, à hauteur de 31.700 livres (46.000 euros).
Même les plus calmes commencent à se demander où sera leur argent la semaine prochaine, puisque Northern Rock, qui n'a plus de chances dans cette situation de continuer à enregistrer des dépôts ou des demandes de prêts, est virtuellement à vendre.
Son propre directeur général, Adam Appelgarth, a avoué dimanche dans le Sunday Telegraph qu'il voyait mal un avenir "indépendant" à sa banque.
"Le prix de notre action a perdu 30%. Vous êtes plus vulnérable (à un rachat, ndlr) si le prix de votre action baisse", a-t-il dit, remarquant que "c'est aux gens intéressés à faire une offre".
Selon la presse, Lloyds TSB ou HSBC, voire la française Crédit Agricole ou l'américaine Citi, peuvent être intéressées. La vraisemblable poursuite de la chute du cours en Bourse lundi pourrait décider un acheteur.
Ou bien, comme l'indique le Sunday Telegraph, la banque pourrait être démantelée et les actifs vendus par paquets à différents rivaux.
Les implications de cette affaire sont encore à déterminer. Dimanche, le ministre des Finances Alistair Darling a reconnu qu'il "n'y a pas de doute qu'il y aura un effet" de la crise de l'immobilier américain, indirectement à l'origine des problèmes de Northern Rock, sans pouvoir encore dire lequel.
Une baisse des prix de l'immobilier britannique après une quasi-bulle ces dernières années aurait commencé, selon une étude ce week-end. La demande baisse en effet, les ménages étant asphyxiés par cinq hausses de taux d'intérêt de la BoE depuis août 2006, auxquelles s'ajoutent les hausses pratiquées ces dernières semaines par les banques inquiètes.
Or l'économie aura du mal à supporter une baisse trop rapide et prononcée.
On ne sait pas non plus si Northern Rock est seule dans son cas. Sa dépendance supérieure à la moyenne aux prêts consentis par des consoeurs paraissait cependant l'exposer plus que d'autres.
Le numéro un conservateur David Cameron a attaqué le Premier ministre et ancien ministre des Finances Gordon Brown dimanche, lui reprochant d'avoir sous sa gestion été à l'origine d'une "énorme expansion de la dette publique et privée sans crainte des risques induits".
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