Un bénéfice annuel de 8 à 10%
Investir dans les voies rapides
Mise en ligne 27/07/2007 11h08
Les autoroutes à péage et autres infrastructures publiques attirent les investisseurs; bulle à l'horizon?
Les caisses de retraite croient avoir repéré la prochaine tendance -
et cette dernière ressemble étrangement à l'autoroute à péage de la
Pennsylvanie.
La recherche de rendements constants incite les régimes de retraite
américains et autres grands investisseurs institutionnels à investir
dans le secteur de l'infrastructure publique, par exemple dans les
autoroutes à péage, les ports, les pipelines et les services publics.
L'Indiana et le Texas comptent parmi les États ayant déjà conclu
On présente le secteur de l'infrastructure comme une source
constante, quoique sans éclat, de revenus. On le considère également
comme une mesure de protection contre l'inflation, puisque ces projets
peuvent souvent accroître leurs taux conformément à la hausse des prix.
Aux dires des caisses de retraite, les placements en infrastructure
devraient leur assurer un rendement annuel de 8 à 10%, voire davantage
dans certains cas.
Les placements en infrastructure devraient générer des rendements
«constants et relativement prévisibles», dit Steve Cochrane, qui gère
la caisse de retraite de l'État du Dakoka du Nord évaluée à 3,9 G$ US.
M. Cochrane a récemment investi 100 M$ US dans un fonds
d'infrastructure mis sur pied par J.P. Morgan.
Macquarie Infrastructure Partners, un nouveau fonds de 4 G$US
ciblant les projets d'infrastructure nord-américains, a recueilli plus
de 80% de ses actifs de caisses de retraite aux États-Unis et ailleurs,
dit Christopher Leslie, son PDG. Macquarie a contribué à l'essor de
cette frénésie de l'infrastructure en puisant dans les régimes de
retraite de l'Australie, une stratégie qu'elle a depuis étendu à
l'échelle de la planète. des ententes avec des investisseurs privés,
alors que la Pennsylvanie et le New Jersey étudient la question.
Les placements en infrastructure constituent une catégorie d'actifs
relativement nouvelle pour les caisses de retraite américaines, bien
qu'ils soient monnaie courante dans certains pays comme l'Australie, le
Canada et la Grande- Bretagne.
Mais l'idée commence à s'implanter: au cours de la dernière année,
des sociétés de Wall Street, dont J.P. Morgan Chase Co. et Goldman
Sachs Group Inc., ont recueilli des milliards de dollars en
investissant dans ce secteur, particulièrement en puisant dans les
régimes de retraite.
Elles s'inspirent d'entreprises telles que l'Australienne Macquarie
Bank Ltd., qui se spécialise en fonds d'infrastructure. Au dire de
Macquarie, plus de 38 G$US de fonds non cotés cherchent à acquérir des
projets d'infrastructure privés ou publics existants ou à investir dans
de nouvelles infrastructures à l'échelle mondiale.
Un nouveau secteur de débouchés: les États-Unis, qui recèlent de
routes, d'aéroports et de ponts désuets. Et les gouvernements locaux -
qui dépendaient traditionnellement des obligations municipales pour
financer leurs projets - explorent d'autres avenues pour amasser des
fonds, bon nombre d'entre eux ayant déjà un niveau d'endettement plutôt
élevé. Qui plus est, le secteur privé offre des prix attrayants.
Controverse
La tendance suscite toutefois une certaine controverse. Le
gouverneur du Texas a signé une loi qui établit un moratoire de deux
ans sur les projets privés d'autoroutes à péage de l'État, véritable
mouvement de ressac touchant une série de transactions précédentes.
Certains observateurs s'inquiètent en outre qu'avec une telle
quantité de liquidités à l'affût d'ententes dans le secteur, le
processus d'appel d'offres n'entraîne une hausse des prix à des niveaux
déraisonnables.
L'initiative pourrait en outre s'avérer coûteuse sur d'autres plans
: règle générale, les fonds d'infrastructure gérés par les firmes de
Wall Street font leur argent en poussant les profits audelà d'un
certain niveau et en imposant des frais supplémentaires, à l'image des
fonds d'arbitrage ou des investisseurs privés. Comme la plupart de ces
fonds d'infrastructure sont relativement nouveaux, ils ne bénéficient
pas d'une feuille de route témoignant de leurs compétences, explique
Michael Dudkowski, consultant chez Wilshire Associates, qui prodigue
ses conseils aux caisses de retraite américaines.
Quoi qu'il en soit, l'infrastructure intéresse au plus haut point
les caisses de retraite, toujours à l'affût de rendements sur les
investissements en mesure de suivre le rythme des obligations futures
des retraités. Parallèlement, elles sont réticentes à prendre des
risques, une leçon apprise à la dure après l'éclatement de la bulle
boursière en 2000.
Des risques
Jusqu'à présent, les progrès aux États-Unis n'ont pas été
particulièrement rapides. «Dans ce secteur, vous devez tenir compte des
risques politiques et réglementaires», déclare Mark Weisdorf,
responsable du groupe de placements en infrastructure de J.P. Morgan
Asset Management. Les gouvernements peuvent changer d'idée quant aux
possibles ententes avec le secteur privé. Des groupes de camionneurs
soulèvent en outre une opposition croissante à cette initiative.
Autre risque pour les investisseurs potentiels: en raison de la
complexité et de la grande envergure des projets, le marché des
acheteurs est relativement restreint, ce qui ajoute à la difficulté de
vendre.
Quoi qu'il en soit, les caisses de retraite croient que certains de
ces actifs valent les risques encourus. L'Illinois State Board of
Investment, qui gère une caisse de retraite de 12 G$US., a décidé l'an
dernier de délaisser les obligations et de privilégier le secteur de
l'infrastructure. Avec des rendements tournant autour de 5%, les
obligations nuisaient au rendement global ciblé du fonds de 8,5 % par
année, explique William Atwood, directeur exécutif.
Par conséquent, le conseil de la caisse de retraite s'est mis à la
recherche d'investissements à l'image des obligations, mais dotés de
possibilités de rendements plus élevés. Il a décidé d'investir plus de
600 M$US dans des placements en infrastructure, soit près de 5% de son
portefeuille.