Challenges.fr | 09.09.2007 | 22:23
La contraction surprise du marché du travail aux Etats-Unis augmente les probabilités d'une récession mais les chiffres publiés vendredi pourraient davantage traduire une panique temporaire des employeurs qu'un profond et sévère retournement d'activité. /Photo prise le 20 juillet 2007/REUTERS/Rick Wilking (c) Reuters
Par Emilie Kaiser
WASHINGTON (Reuters) - La contraction surprise du marché du travail aux Etats-Unis augmente les probabilités d'une récession mais les chiffres publiés vendredi pourraient davantage traduire une panique temporaire des employeurs qu'un profond et sévère retournement d'activité.
Vendredi, le département du Travail a annoncé que l'économie US avait détruit 4.000 emplois en août alors que les économistes tablaient en moyenne sur 110.000 créations de postes.
Pour autant, il est certain que ces chiffres vont peser dans la balance à l'occasion de la prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine.
La banque centrale communiquera aux marchés une décision sur les taux très attendue le 18 septembre.
Pour les économistes, un geste d'assouplissement ne fait pas de doute. Selon certains d'entre eux, une baisse des taux pourrait même améliorer rapidement la situation.
DES POINTS RASSURANTS
Une lecture attentive des chiffres de vendredi couplée à un réexamen des indicateurs récents laisse penser que les entreprises jouent la prudence et non la crise et que l'économie américaine ralentit mais qu'elle ne s'effondre pas.
A l'inverse du secteur public, le privé a généré des créations d'emplois le mois dernier.
Jeudi, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont même baissé ce qui pourrait signifier que les patrons ne licencient pas mais qu'ils freinent les embauches en attendant d'en savoir davantage.
Par ailleurs, le livre beige de la Fed et les chiffres des ventes des acteurs du secteur de la distribution publiés la semaine dernière dépeignent un tableau bien plus optimiste de la conjoncture.
Même le segment manufacturier a affiché une croissance de l'activité en août avec un indice ISM au-dessus des 50.
"Je crois qu'il est important que nous réfléchissions avant de s'exclamer: 'Nous sommes en récession'", relève Bernard Baumohl, directeur du "Economic Outlook Group" à Princeton.
"Bien que le rapport mensuel sur l'emploi ait été inférieur à toutes les attentes, il n'y a pas de quoi affirmer que la cause à effet entre crise de l'immobilier et récession économique proprement dite est inévitable", ajoute-t-il.
Dans le secteur privé, 24.000 emplois ont été créés le mois dernier. Si les données globales de juin et de juillet ont été revues en baisse, elles témoignent toutefois du fait que le marché du travail s'est raidi avant le début de la crise de liquidité qui a frappé les marchés financiers mondiaux à partir de début août.
PANIQUE
La panique s'est toutefois emparée de Wall Street dans l'après-midi de vendredi. L'indice de la volatilité du Chicago Board of Trade, surnommé "indice de la peur", s'est envolé de plus de 9% mais restait toutefois en deçà de son pic annuel touché le 16 août dernier.
Les évocations d'une véritable récession de l'économie réelle ont été nombreuses ces derniers jours. Martin Feldstein, membre de l'influent Bureau national de la recherche économique, a estimé que l'immobilier pourrait avoir de graves conséquences.
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