PARIS (Reuters) - L'AMF a transmis au parquet une note préliminaire accusant de délit d'initiés massif des dirigeants d'EADS et ses actionnaires Lagardère et DaimlerChrysler, qui auraient vendu des actions du groupe alors qu'ils avaient connaissance des retards de production de l'Airbus A380, lit-on mercredi dans le Figaro.
"Le gendarme de la Bourse souligne dans sa note 'le caractère concomitant et massif' des ventes" effectuées par les cadres, ajoute le quotidien, qui a eu connaissance de cette note de l'Autorité des marchés financiers.
Personne n'était disponible dans l'immédiat chez EADS France et chez Lagardère. Une porte-parole de l'AMF s'est refusée à tout commentaire dans l'immédiat.
Selon le quotidien, l'AMF avait débusqué à l'origine 1.200 initiés ayant réalisé ces opérations entre novembre 2005 et mai 2006, mais elle a décidé de se concentrer sur les seuls hauts dirigeants d'EADS et d'Airbus, soit 21 personnes au total.
D'après Le Figaro, l'Etat, qui détient 15% d'EADS et est donc représenté au conseil du groupe européen d'aéronautique, de défense et d'espace, connaissait également la situation.
Après une réunion le 2 décembre 2005 entre les dirigeants d'EADS et l'Agence des participations de l'Etat, une note avait été adressée au ministre de l'Economie d'alors, Thierry Breton, indiquant qu'EADS allait traverser une zone de turbulences et proposant au ministre une cession partielle de la participation de l'Etat, poursuit le quotidien.
Personne n'était disponible dans l'immédiat au ministère des Finances pour réagir à ces informations.
L'annonce des retards de l'A380, qui ont entraîné la première perte de l'histoire d'Airbus en 2006 et qui pèseront sur les comptes d'EADS jusqu'en 2010, avait provoqué une chute de 26% du titre au cours de la seule séance boursière du 14 juin 2006.
INFORMATION JUDICIAIRE
Ce sont les ventes de titres EADS par bon nombre de dirigeants au cours de deux périodes les autorisant à le faire - entre le 9 et 29 novembre 2005 puis entre le 8 et le 24 mars 2006 - qui ont éveillé les soupçons de délits d'initié.
Les juges Philippe Courroye et Xavière Simeoni ont été désignés en novembre 2006 pour instruire une information judiciaire ouverte contre "X" pour "délit d'initié, recel de délit d'initié et diffusion d'informations fausses ou trompeuses", à la suite d'une plainte de petits actionnaires.
De leur côté, Lagardère et DaimlerChrysler se sont tous deux défaits d'une participation de 7,5% dans EADS le 4 avril 2006, soit quelque deux mois avant l'annonce des retards.
Outre les groupe Lagardère et Daimler, représentés par leurs patrons respectifs Arnaud Lagardère et Manfred Bischoff, les personnes en cause sont les principaux dirigeants du groupe : notamment les deux co-présidents exécutifs d'alors, Noël Forgeard et Thomas Enders, ainsi que le directeur général d'Airbus Gustav Humbert.
Selon Le Figaro, les difficultés rencontrées par Airbus, filiale d'EADS, dans la fabrication de l'A380, le futur très gros porteur de l'avionneur dont le premier exemplaire devrait livré ce mois à Singapore Airlines, ont été évoquées dès le mois de juin 2005 lors d'un conseil d'administration.
L'annonce des retards de l'A380 et les soupçons de délits d'initié avaient scellé le sort de Noël Forgeard et Gustav Humbert en juillet 2006 puis entraîné une valse des dirigeants et une simplification de l'organigramme d'EADS.
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