23 juin 2008 13:22
Les USA jouissaient jusqu’à présent d’un privilège unique. Lorsque leur
économie ralentissait, la Fed pouvait « reflater » en baissant les
taux, soutenant du même coup la consommation et le prix des actifs,
sans avoir à craindre une dévaluation de la monnaie US. Et comme dans
toutes les économies développées, la spirale inflationniste prix
-salaires appartenait au passé en raison de la précarité et des menaces
de délocalisations qui dissuadent les revendications salariales, et de
la pression déflationniste exercée par les importations en provenance
des pays où le travail est à bas coût. Le soi disant sorcier Greenspan
a utilisé deux fois cette potion magique, avec pour résultat la bulle
Internet puis celle de l’immobilier, tout en aggravant le creusement
des déficits. Confrontés aujourd’hui au crédit crunch et à sa spirale
déflationniste, les USA ont à nouveau mis en oeuvre leur recette
favorite sans aucune retenue. Mais cette fois-ci l’inflation est au
rendez vous. La montagne de dollars détenue à l’étranger en
contrepartie des déficits US et alimentée par le crédit -dont les taux
réels ont été négatifs durant plusieurs années- a enclenché un
mécanisme inflationniste mondial, que Bernanke ne maîtrise pas, soutenu
par la demande des pays émergents et par la recherche d’investissements
défensifs dans les matières premières pour contrer le dérapage du
dollar. L’économie US est aujourd’hui prise en tenaille entre le
ralentissement d’activité, la déflation des actifs et le choc
inflationniste mondial de l’énergie et de la zone dollar. Dans ce
contexte, succomber à la tentation récurrente de la reflation pour
« effacer les ardoises » serait un remède pire que le mal, juge Doug
Noland.
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