Sophie Gherardi
Hier à 13 h 30, heure de Paris, s'est tenu un G7 dématérialisé. Chose complètement inédite, cette conférence téléphonique entre les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des grandes économies développées s'est conclue par un communiqué commun : " Nous accueillons très favorablement les mesures extraordinaires prises par les États-Unis pour améliorer la stabilité des marchés financiers. " Tout était dit. Le plan de sauvetage géant annoncé ce week-end par Henry Paulson, le secrétaire au Trésor américain, recevait le soutien appuyé des grands argentiers du reste du monde. C'était à l'aube, heure de New York, d'une semaine cruciale où l'on saura si ce plan à 700 milliards de dollars aura suffi à rassurer des marchés qui en pèsent plus de 60.000 milliards. Il y a quelque chose de très effrayant et de très rassurant à la fois dans cet effort des dirigeants pour offrir un front uni face à la masse énorme et palpitante des marchés, sorte d'Ike ou de Katrina financier bourré d'énergie potentiellement destructrice. D'un côté, on ne peut s'empêcher de trembler à l'idée que les digues pourraient lâcher et, de l'autre, on constate qu'une gouvernance mondiale se met en place pour parer au désastre. Il faut évidemment s'en féliciter. Les amateurs de fins apocalyptiques - qui se recrutent aussi bien chez les ultralibéraux prêts à tout envisager pourvu que le marché ne perde pas la face que chez quelques " alter " avides de voir châtier les riches - se moquent bien des conséquences. Mais les cataclysmes bancaires, tout en haut, jettent dans la misère des millions de familles, tout en bas, comme la crise asiatique de 1998 l'a bien montré. Le monde sortira en tout état de cause différent de cette crise-ci. Les États-Unis ont fait face seuls, dans un premier temps, à des désordres nés de leur propre système financier. Et c'était bien le moins. Ils ont ensuite appelé à la rescousse les autres pays, pour peser davantage en termes de crédibilité. Ces derniers en ont profité pour pousser leurs pions. Le fameux communiqué concocté hier par téléphone " reconnaît la nécessité de rendre la régulation plus efficace ". Ses signataires s'engagent à "maintenir une coopération élevée entre les ministres des Finances, les banques centrales et les régulateurs ". Henry (Paulson), Christine (Lagarde), Peer (Steinbrück) ou Jean-Claude (Trichet) veilleront tous ensemble sur la digue. Et l'on ne serait pas rassuré ?
Commentaires