2 octobre 2008 13:13
Pourquoi donc la plupart des gouvernements de la planète
s’apprêtent-t-ils à renflouer leurs banques -même si « leurs caisses
étaient vides » lorsqu’il s’agissait de financer d’autres dépenses
pourtant tout aussi justifiables ? Tout simplement parce que l’ensemble
des activités humaines en dépend. Sans circulation monétaire,
l’économie s’arrête, la dépression dévaste tout. La finance est en
position de prendre les sociétés en otage. Sa capacité de nuisance est
incomparable. Cette dangerosité est connue et comprise depuis la crise
des années trente. On avait alors décidé de mettre la bête en cage pour
l’empêcher de nuire. Durant les trente glorieuses, le système du
crédit, la circulation des capitaux, étaient largement encadrés par
l’état. La « révolution libérale » a détricoté peu à peu toutes les
règles, fait sauter tous les garde-fous. Non seulement l’animal allait
jouir d’une liberté retrouvée, mais il allait également bénéficier d’un
régime hautement calorique : l’accroissement des inégalités et la masse
des capitaux circulants. Un niveau de chômage élevé et persistant -
désormais considéré comme naturel ou frictionnel - la menace des
délocalisations, la concurrence des pays à bas salaires ont eu pour
effet de limer les griffes d’une grande majorité des salariés désormais
privés de leur propre capacité de « nuire », c’est-à-dire de défendre
leurs intérêts et de préserver l’équilibre indispensable entre les
forces sociales. Dans le même temps, l’affaiblissement de la base
productive a fait exploser les déficits extérieurs. Résultat ? Moins
d’argent d’un côté, de colossales fortunes de l’autre, et entre les
deux plateaux de la balance, la finance, chargée de faire prospérer les
bas de laines. Il n’a pas fallu bien longtemps pour que la différence
de potentiel trouve à s’exprimer. Endettement des ménages d’un coté,
rentiers milliardaires de l’autre, mis en relation par l’ingénierie
financière dopée par une insatiable demande de placements, encore
accrue par les capitaux étrangers. Nous venons d’assister à une
expérimentation de physique sociale de gigantesque dimension. Jusqu’où
pouvait-on comprimer les revenus du travail et soutenir la demande
grâce au crédit tout en dilatant les revenus du capital ? Nous avons la
réponse. Jusqu’au jour où la bulle immobilière US a éclaté. Paul Jorion
propose ici sa lecture de cette séquence en pointant les similitudes de
la situation actuelle avec les années trente et propose de
constitutionaliser les principes qui interdiraient le retour de telles
crises.
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