3 mars 2009 14:22
Dans les premières mois de cette crise nous écrivions que la culture
économique des responsables politiques américains, leur foi
inébranlable dans les dogmes de l’école de Chicago, les rendaient peu
aptes à comprendre la situation et donc à agir efficacement. L’équipe
constituée par Obama semble atteinte du même mal. Nationalisation reste
un mot tabou, honteux, que la nouvelle administration se refuse à
évoquer, alors même que le cours de l’action de la banque Citigroup
flirte avec le dollar - c’est à dire l ’éviction de la cote new
yorkaise - et que de tous côtés les appels se font de plus en plus
pressants pour une prise de contrôle publique. Ce blocage
psychologique, ce vertige devant la transgression, se traduisent en
acte par un aveuglement qui confine à l’absurde. On ne peut entendre la
récente déclaration d’Obama affirmant que le privé est « plus
efficace » pour gérer le système bancaire sans ressentir un malaise
devant cette forme d’humour involontaire. Au nom de quoi faudrait-il
donc continuer à révérer des idoles qui pourtant s’effondrent avec
fracas sous nos yeux, entraînant dans leur chute de trop nombreuses
victimes ? Car il y a urgence à agir. Les politiques menées sur les
deux rivages de l’Atlantique ne sont pas à la hauteur des périls,
avertit Krugman, qui déplore également la courte vue dont font preuve
les dirigeants européens devant le risque systémique posé par l’Europe
de l’Est et se demande dans quel monde vit Jean Claude Trichet
lorsqu’il estime que le risque déflationniste n’est pas à l’ordre du
jour. Dans une séquence de déflation de la dette, tout délai, tout
retard à agir, se traduit par une contagion d’un processus de
liquidation généralisé qui gagne peu à peu en force et en élan et rend
plus difficile le retournement de cycle. Il faut donc trancher dans le
vif au plus tôt, trier les banques, constater les faillites, et le cas
échéant nationaliser. Roubini estime qu’il faudra sans doute six mois
pour que l’inévitable soit enfin accepté. Si c’est le cas, ce sont six
mois de perdus alors que gagne l’incendie. Lire.... »
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