3 mars 2009 17:38
Paul Craig Roberts, qui fut sous secrétaire au Trésor de Reagan, est un
homme de droite, partisan convaincu des politiques de l’offre.
Pourtant, rien ne justifie pour lui les politiques du laisser faire
débridé qui ont conduit à la perte de substance de l’économie
américaine, si ce n’est une certaine illusion de toute puissance allant
de pair avec la situation prééminente dont jouissaient les USA. Les
promesses des tenants de la mondialisation n’ont pas été tenues,
dit-il, au contraire. Les délocalisations, présentées comme un
processus naturel de substitution entre la « vieille économie » et
celle de l’innovation et du savoir, ont eu pour résultat la stagnation
des revenus - donc l’endettement excessif - de la plus grande partie de
la population à l’exception des « super-riches » et le creusement de
déficits abyssaux, qui sont tous deux à l’origine de cette crise. Au
delà du constat, Roberts propose quelques mesures radicales - voire
aussi définitives qu’un verdict de Fouquier Tinville - pour tenter
juguler la crise : l’annulation des CDS, la suspension de la règle de
comptabilisation des actifs au prix du marché, l’interdiction de la
vente à découvert sur les marchés baissiers et sur les devises. Un
dernier point. Le protectionnisme dont il se réclame a mauvaise presse.
Et lorsqu’il désigne ensemble la mondialisation et les visas de travail
accordés aux étrangers comme responsables de la pression à la baisse
sur les salaires, il prête le flanc à l’accusation de xénophobie, si
souvent présente dans ce débat. On ne peut pourtant se contenter d’une
vision uniquement morale sur cette question. Ce serait méconnaître le
fait que les niveaux de prix - i.e. des salaires - ne reflètent pas
seulement la concurrence libre et non faussée, comme le dit la vulgate,
mais aussi l’équilibre des rapports de force sociaux, équilibre
éminemment nécessaire au développement harmonieux des sociétés. En
s’effarouchant devant la perspective d’une limitation de la concurrence
internationale à laquelle sont soumis les salariés, en condamnant par
avance comme délétère toute référence à l’idée de nation on ignore - ou
feint d’ignorer - un déterminant fondamental. Le socle de la
démocratie, du vivre ensemble, c’est ce territoire où se définit la
citoyenneté concrète, régi par une loi et une constitution commune, par
des droits et des devoirs partagés, et protégé par les institutions. La
position consistant à abstraire de cette définition l’activité humaine
fondatrice qu’est le travail n’est à notre sens tout simplement pas
tenable. Lire.... »
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