28 avril 2009 11:34
Un rien sadique, Evans-Pritchard, à son habitude, appuie là où ça fait mal, et ce d’autant plus volontiers lorsque c’est l’Europe continentale qui souffre. Mais qui saurait le lui reprocher ? Les Etats parviendront-ils à lever les fonds requis pour financer la relance, recapitaliser le secteur bancaire et honorer leur garantie des déposants ? En l’état actuel la réponse est incertaine. Mais si l’effondrement des bilans bancaires se poursuit à un rythme soutenu - hypothèse on ne peut plus vraisemblable - la réponse est de toute évidence négative. La dette accumulée par le privé dans la dernière décennie excède les capacités des comptes publics. Les Etats qui battent monnaie ont encore à leur disposition une arme de dernier recours, quant aux autres, une fois épuisées les relativement maigres réserves du FMI, le défaut de paiement les guette. Sommes nous alors pris dans la seringue ? Non, si l’on accepte de changer de perspective. Aujourd’hui, les Etats reprennent à leur compte les pertes sur les actifs afin de garantir les passifs, c’est à dire le patrimoine des créanciers des banques, au risque à terme de ruiner tout le monde, Etats, déposants et investisseurs, au fur et à mesure que la situation se dégrade. Il est urgent de changer la donne. Au lieu de charger la barque du côté des comptes publics, il convient de l’alléger du côté des créanciers. Une telle démarche requiert : une politique active d’évaluation non complaisante des livres, l’isolement dans des structures ad hoc des actifs douteux, la répartition des pertes entre les actionnaires et les créanciers, à l’exception des dépôts de compte courants dont la valeur doit être garantie. Le Plan Geithner, qui prétend régler la question, souffre de deux défauts majeurs : ses évaluations des bilans ne sont pas à la hauteur des stress que vont subir les entreprises et les ménages, et la solution préconisée consiste encore et toujours à préserver l’ensemble des créanciers, au détriment de l’Etat. Quels qu’en soient les défauts, le Plan Geithner a tout au moins le mérite d’exister. Mais que fait l’Europe ?
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