11 février
2010 14:55
En ces temps de déficits stratosphériques, il ne se passe pas
de jour sans qu’un responsable politique ou un journaliste n’explique
doctement que les finances de l’Etat doivent se gérer à l’image de
celles d’un ménage. Pourtant, ces déclarations apparemment empreintes
d’un bons sens éprouvé en sont totalement dépourvues, rappelle
l’économiste post keynésien Randall Wray. Là où un ménage est soumis à
la contrainte indépassable de solder un jour ou l’autre ses comptes et
de se procurer auprès d’autrui l’instrument de paiement nécessaire pour
ce faire, l’Etat souverain, en raison de ses prérogatives et de sa durée
d’existence sans limitation de temps, échappe à la règle commune. Et ce
d’autant plus dans la mesure où c’est lui, justement, qui définit les
règles en vigueur, et dispose en dernier recours du droit de battre
monnaie. — Rappelons que les émissions monétaires depuis le début de
la crise sont de l’ordre de 1500 milliards de dollars aux USA, dont 300
consacrés à l’achat de bons du Trésor, et de 180 milliards de livres
au Royaume Uni. En comparaison, les 60 milliards de monétisation que
s’est autorisée la BCE semblent bien timides. Mais, quid des risques
d’inflation ? Dans les circonstances calamiteuses où nous nous trouvons,
l’inflation maitrisée n’est pas un risque mais un remède. Dans la
période qui vient, le choix sera celui-ci : une purge amère d’austérité,
avec son lot de misères sociales et de dépression de l’activité, au nom
d’un respect scrupuleux du dogme monétariste, ou bien un allègement du
poids insupportable de la dette, au détriment des créanciers. En clair,
il s’agit de choisir entre le travail et la rente, celle là même, qui
par l’inconséquence de ses « gestionnaires » a mis les sociétés à
genoux. Contre Info.