Heinberg
« Nous vivons l’un des grands tournants de l’histoire. Au cours de votre vie, vous serez les témoins de changements dans le monde qui seront les plus importants depuis le début de l’humanité. Vous aurez la possibilité de participer à la refonte des infrastructures de base qui sous tendent notre société, énergie, alimentation, transports et finance. » Indignés par la décision de la direction de l’établissement qui avait choisi le DG d’ExxonMobil pour ouvrir la cérémonie de remise des diplômes, les étudiants de l’Institut Polytechnique de Worcester, Massachusetts, ont invité Richard Heinberg, du Post Carbone Institute. --- La crise systémique que nous affrontons est multiforme : climat, énergie, ressources, alimentation, modèle économique, sont les facettes du même problème fondamental : la redéfinition (fort urgente) du modèle de développement de l’humanité dans un monde fini, aux équilibres fragiles. Le retard à l’allumage auquel nous assistons dans la reconnaissance de l’ampleur des problèmes, de leur intrication structurelle, et des ruptures nécessaires avec le « business as usual » n’est pas étonnant. La génération au pouvoir, repue et vieillissante, est dans sa grande majorité incapable d’effectuer le saut conceptuel requis. Un Pascal Bruckner, qui se donne pour un esprit fort et libre, illustre excellemment ce travers, lorsqu’il écrit dans une chronique récente intitulée « la séduction du désastre » que « les discours alarmistes, qu’ils portent sur l’atome, le climat, l’avenir de la planète, souffrent d’une contradiction. Si la situation est aussi grave qu’ils le prétendent, à quoi bon s’insurger. Pourquoi ne pas se prélasser en attendant le déluge ? », avouant ainsi platement tout à la fois son incapacité à prendre la mesure du réel et son cynique manque de foi dans le génie humain. Certes, comme l’écrit Heinberg, la tâche à accomplir est lourde, difficile, semée d’embûches et rendue encore plus ardue par l’urgence, chaque jour plus pressante. Mais toutes les connaissances accumulées, toutes les merveilles rendues possibles par notre extraordinaire maîtrise des savoirs faire technologiques, aujourd’hui instrumentalisées par le couple infernal consumérisme / profits monétaires court-termistes, seront pour la génération montante, si elle en décide, autant d’atouts pour accomplir une tâche ô combien exaltante : renouer avec les promesses de l’Homme, créer un avenir de prospérité durable et partagée. Contre Info.
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