Des appartements à vendre à Paris © AFP/Archives Pascal Pavani |
Le marché immobilier français, sauvé de la crise du "subprime" grâce
à la prudence des banques dans l'octroi des emprunts, et disposant de
"bons fondamentaux", n'est pas à l'abri de dommages collatéraux,
notamment au niveau du crédit, estiment les professionnels.
"Le
système français est beaucoup critiqué, on reproche aux banquiers
d'être trop frileux, de ne pas prêter à des ménages trop modestes",
mais "l'avantage, c'est que tous les travers du modèle américain ont
été évités", souligne Michel Mouillard, professeur d'économie à
l'université de Paris X Nanterre.
Pour René
Pallincourt, président de la Fédération nationale de l’immobilier
(FNAIM), "les risques en matière de crédit en France sont très stricts
et parfaitement observés par les organismes prêteurs, et donc le
problème du +subprime+ ne peut pas exister".
La
grande majorité des ménages français emprunte à taux fixe, ce qui leur
évite de voir leurs échéances de remboursement grimper dès que les taux
remontent. Et les revenus des emprunteurs sont dûment vérifiés, feuille
d'imposition à l'appui.
Cela contraste avec les
Etats-Unis où des prêts hypothécaires à hauts risques, dits "subprime",
sont concédés à des ménages peu solvables, "le pire scénario
imaginable", selon M. Mouillard.
L'hypothèque rechargeable, inspirée du "subprime" et instaurée en France au début de l'année, n'est pas un succès.
"Pas
de panique", lance Bernard Cadeau, président du réseau d'agences
immobilières Orpi. "Le marché immobilier français n'est pas du tout
organisé comme le marché américain. Les fondamentaux sont bons, il n'y
a pas assez de logements et la demande est forte".
"Tous
les fondamentaux sont bien orientés", acquiesce le président de la
FNAIM, car même si les prix ont baissé de 1,5% en juillet dans
l'ancien, ils ont progressé de 5% sur douze mois.
Toutefois,
"il n'est pas impossible qu'il y ait des dommages collatéraux" à la
crise du +subprime+", qui secoue les places financières mondiales,
estime-t-il.
"Il y a des motifs d'inquiétude",
approuve M. Mouillard, et le "risque majeur" pourrait provenir de "la
contraction de l'offre de crédit".
Comme l'assureur
Axa ou BNP Paribas, "un certain nombre d'établissements ont des
engagements sur des fonds dont la solidité est sérieusement ébranlée"
et "cela va avoir une conséquence car ils vont voir leurs capacités de
financement se réduire", explique-t-il.
"Sur les
six premiers mois de 2007, une partie des établissements de crédit a
commencé à lever le pied" et, "confrontés à cette érosion de leurs
fonds propres, beaucoup vont amplifier cette tendance à la réduction de
leur activité de financement de l'immobilier résidentiel", poursuit-il.
En conséquence, "un ménage aura plus de difficultés pour obtenir un crédit et pourra même rencontrer des refus plus nombreux".
"La
crise des marchés financiers peut avoir des effets sur le marché
immobilier car si les banques ont des difficultés pour se refinancer,
elles feront moins de crédits", approuve M. Pallincourt.
Deuxième
risque, selon les professionnels: une hausse des taux d'intérêt. "S'il
y a des conséquences, elles viendront par une remontée des taux", selon
M. Cadeau.
"Si les banques centrales continuent à
injecter de la liquidité mais ne font pas comme elles l'ont fait en
septembre 2001, c'est-à-dire baisser leurs taux d'intérêt, on peut
craindre que les marchés immobiliers le paient durement", prédit M.
Mouillard.
Un renchérissement du crédit qui
pourrait peser, selon lui, sur la nécessaire construction de 400.000
logements par an en France pour pallier les manques.